
Cela fait désormais 22 ans que les vannes du premier puits de pétrole de Doba ont été ouvertes, marquant le début officiel de l’exploitation du pétrole tchadien. Le 10 octobre 2003, cet événement symbolisait une lueur d’espoir pour un pays enclavé, appauvri et marqué par des décennies de conflits. Mais plus de deux décennies plus tard, cet espoir semble s’être mué en désillusion profonde.
Pour le Professeur Ahmat Mahamat Hassan, analyste et ancien ministre de la Justice sous le régime d’Idirss Deby Itno, le constat reste amer
« Le pétrole tchadien n’a servi qu’à financer l’achat d’armes. Il n’a profité ni aux Tchadiens, ni à la zone de production, ni à la réduction de la pauvreté », déplore-t-il.
L’universitaire rappelle qu’en 2009, le défunt président Idriss Déby Itno avait initié la construction de quelques infrastructures de piètre qualité, aujourd’hui presque toutes délabrées. Selon lui, « le pétrole s’est avéré être une malédiction pour le Tchad ».
Même si le pays figure parmi les producteurs africains de pétrole, sa production reste modeste. Mais, souligne-t-il, « pour un État pauvre comme le Tchad, confronté à la misère, à la haine et à la guerre, cette richesse aurait pu servir à améliorer le sort de la population. Malheureusement, elle n’a rien changé, même pas pour les régions productrices ».
Le professeur dénonce également les divisions communautaires engendrées par la gestion des revenus pétroliers.
« Les enfants du Logone Oriental continuent à être des garçons de ménage à N’Djamena et dans les grandes villes du pays. C’est une tragédie nationale », s’indigne-t-il.
Selon lui, la manne pétrolière n’a profité qu’à un clan au pouvoir, au détriment du peuple tchadien,
« Le Tchad n’est ni une République, ni un État de droit. C’est un clan qui utilise l’argent du pétrole pour se maintenir par la force », accuse-t-il.
Le Professeur Ahmat Mahamat Hassan conclut que tant que le pouvoir ne découlera pas d’une volonté populaire, aucune richesse, aussi importante soit-elle, ne profitera au pays,
« Le pétrole restera confisqué par un petit groupe d’individus persuadés que le Tchad leur appartient. »
Abderamane Moussa Amadaye