
Il y a six mois, Gam Robert, secrétaire général du Parti Socialiste Sans Frontières (PSF) et un des confidents du défunt Yaya Dillo Djerou, disparaissait, alors qu’il rentrait chez lui, le soir du 20 septembre 2024. Depuis, silence radio des autorités tchadiennes, alors que son parti affirme qu’il a été arrêté par les services de renseignements. Face à cette situation préoccupante, nous avons interrogé Alifa Younous Mahamat, coordonateur du PSF en France, pour comprendre les démarches entreprises et les implications politiques de cette disparition.
Flashtchad.com : Quelles sont les dernières informations que vous avez concernant la disparition de Gam Robert ?
Alifa Younous Mahamat : D’après nos sources, notre camarade est détenu par les services de renseignements. Il subit des traitements inhumains et dégradants, et son état de santé s’est gravement détérioré. Malgré l’urgence de la situation, les autorités militaires lui refusent l’accès à des soins médicaux appropriés, mettant ainsi sa vie en péril.
Flashtchad.com : Le PSF affirme qu’il a été arrêté par les services de renseignements tchadiens. Quelles preuves ou indices soutiennent cette affirmation ?
Alifa Younous Mahamat : Nous en sommes certains. Le soir même de son enlèvement, d’autres camarades ont échappé de justesse à une tentative d’arrestation similaire. Ce mode opératoire est bien connu des services de renseignements tchadiens. De plus, le silence des autorités, leur refus de confirmer ou d’infirmer sa détention, et leur historique de répression des opposants politiques renforcent nos certitudes.
Flashtchad.com : Comment sa disparition impacte-t-elle le fonctionnement du parti et ses membres ?
Alifa Younous Mahamat : C’est un choc profond. La disparition de Gam Robert affecte notre cohésion, notre motivation et notre direction stratégique. Nos militants vivent dans l’inquiétude et certains craignent désormais pour leur propre sécurité. Mais malgré tout, nous restons déterminés à poursuivre le combat.
Flashtchad.com : Quelles initiatives avez-vous lancées pour faire pression sur le gouvernement tchadien et obtenir des réponses ?
Alifa Younous Mahamat : Nous avons organisé des conférences de presse, lancé des campagnes de sensibilisation et interpellé les autorités nationales et internationales. Nous demandons des sanctions ciblées contre les responsables de cette répression.
Flashtchad.com : Avez-vous sollicité l’appui d’organisations internationales comme l’ONU ou l’Union africaine ?
Alifa Younous Mahamat : Oui, mais la réaction reste timide. Trop souvent, la communauté internationale adopte une posture attentiste, ce qui ne fait qu’encourager l’impunité du régime tchadien.
Flashtchad.com : Comment la diaspora tchadienne réagit-elle à cette disparition ?
Alifa Younous Mahamat : Avec indignation. Des manifestations ont eu lieu en France et ailleurs pour réclamer sa libération. La diaspora joue un rôle clé dans la dénonciation des abus du pouvoir tchadien.
Flashtchad.com : Pensez-vous que cette disparition s’inscrit dans un climat plus large de répression politique au Tchad ?
Alifa Younous Mahamat : Absolument. Le régime militaire refuse toute opposition et réprime violemment toute voix dissidente. Arrestations arbitraires, intimidations, assassinats politiques… Le Tchad vit sous un régime de terreur où seule la loi du plus fort prévaut.
Flashtchad.com : Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités tchadiennes et à la communauté internationale ?
Alifa Younous Mahamat : Aux autorités tchadiennes, nous disons que la répression et les assassinats politiques ne feront pas taire le peuple. Nous exigeons la libération immédiate de Gam Robert et de tous les prisonniers politiques.
À la communauté internationale, nous lançons un appel à la mobilisation. Le silence face aux violations des droits humains ne fait qu’encourager les régimes autoritaires. Des sanctions ciblées, une enquête indépendante et un soutien aux forces démocratiques tchadiennes sont nécessaires pour briser ce cycle d’impunité.
Flashtchad.com : Quelles sont les prochaines étapes du PSF pour continuer son combat politique ?
Alifa Younous Mahamat : Nous ne nous arrêterons pas. Nous intensifierons nos actions à l’échelle nationale et internationale pour faire entendre notre voix. Le combat pour la justice et la liberté continue.
Entrevue réalisée par Abderamane Moussa Amadaye