Lors de la ripaille organisée à la suite de sa victoire à l’élection présidentielle du 06 mai dernier, le Président Mahamat Idriss Déby Itno a déclaré urbi et orbi qu’il est le Président de tous les Tchadiens et entend travailler avec tout le monde sans exception. Mais aussi ridicule que cela puisse paraître, cette déclaration a fait sortir certains ennemis de la République en panne d’imagination de leurs gonds.
Dans leurs habituelles envolées guerrières, ces gouapes mais potiches médiateurs tapis dans la coalition «pour un Tchad Uni», appellent à faire ombrage à toutes les voix discordantes qui seraient en passe d’être appelées à siéger dans le prochain gouvernement.
Que l’on sache, la gestion d’un organisme aussi tentaculaire que l’État n’est pas une affaire d’anciens opposants, ni une épicerie des compères, moins encore un butin pour un ancien adversaire, fut-il chef de file de l’opposition, parce que l’enjeu est collectif. Et la République du Tchad ne devra pas souffrir du manque de compétence collective à cause de cette guerre de positionnement en cours.
Mahamat Idriss Déby n’a pas besoin que l’on vienne lui souffler à l’oreille que l’incompétence qui a caractérisé son gouvernement depuis plus de trois (03) ans trouve sa parfaite illustration dans la cacophonie métastatique de tous ceux qu’il a appelés à diriger le gouvernement et les départements ministériels.
S’il veut que les Tchadiens se montrent solidaires avec son projet de société en mettant véritablement leur curseur sur la République, que la composition du prochain gouvernement ne soit pas faite sur fond du copinage et du parrainage, mais plutôt sur la base de compétences. Car l’histoire a montré éloquemment, que durant les trois années de transition, l’on a eu affaire aux bidouilleurs de tout acabit, à la limite des fourbes qui sont bombardés à la tête des départements ministériels.
Désormais, pour être nommé ministre par exemple, il faudrait jouir d’une expérience d’au moins quinze (15) ans dans l’administration. Des départements clés comme les Infrastructures, la Santé, l’Éducation, les Transports, l’Aviation Civile, les Finances et le Commerce doivent être gérés par des technocrates et non des zozos. Dans son pouvoir discrétionnaire il peut nommer qui il veut, mais cette démarche participe de la dynamique du développement du pays qui est à la traîne.
Et de ce postulat, tous les ministres qui n’ont rien valu durant les trois ans de transition doivent être envoyés pour se faire cuire un œuf. Ce balai doit nécessairement passer également par le Cabinet présidentiel truffé des indélicats.
En ce qui concerne les alliés et les accompagnateurs il devra aménager les directions pour ces derniers. Et le tour sera bien joué. Le tout, après l’organisation d’un dialogue a minima avec toutes les sensibilités. S’il écoute les conseils de certains qui veulent plonger vaille que vaille le pays dans le chaos, il regrettera. Et « Si je savais » arrive toujours tard !
Steven Ngarhokarial, Journaliste.