Après Wall Street Center (Gar Tigo), Djambal-bahar, Bololo et l’avenue Mathias Ngarteri, dit «axe CA7», c’est au tour du marché de pièces détachées de Champ de Fil, communément appelé «Sanfil», situé dans le 5e arrondissement de N’Djamena, d’être déguerpi par la mairie centrale. Le 3 juillet 2024, les commerçants, garagistes et mécaniciens rencontrés expriment leur désarroi et ne savent plus à quel saint se vouer. Une équipe de flastchad.com a fait le constat. Reportage.

L’opération de déguerpissement, entamée par la mairie de N’Djamena depuis plusieurs jours, vise, selon elle à assainir les espaces occupés illégalement. Le marché des pièces détachées de Champ de Fil n’a pas échappé à cette mesure. Depuis 2 jours, les tractopelles sont à pied d’œuvre pour déguerpir les occupants anarchiques de ce lieu.

Cependant, ce déguerpissement a des conséquences désastreuses. Les commerçants, garagistes et mécaniciens sont désespérés et mécontents de cette décision qui les plonge dans le chômage et les pertes financières.

Haroun Malloum Abba, propriétaire d’un garage depuis plus de 5 ans, indique qu’il a embauché 111 mécaniciens, tous responsables de familles. «Ce déguerpissement est une crise de plus dans ce pays. Beaucoup seront renvoyés au chômage. Les conséquences seront graves. Sans emploi, certains jeunes partiront à l’aventure et d’autres, sans foi, deviendront des agresseurs. La responsabilité incombe à l’État et au Président de la République», a-t-il déclaré avec véhémence.

Abakar Sidick, visiblement désespéré, est mécanicien et gagne habituellement 10 000 FCFA par jour. «Je suis père de trois enfants et responsable de ma mère. Ce déguerpissement est un coup dur pour tous ceux qui travaillent ici, y compris moi. Depuis avant-hier, nos revenus ont chuté. J’interpelle le Président de la République pour trouver une solution. C’est de cela que nous vivons», a-t-il confié.

Abdoulsamad Yahya juge ce déguerpissement inadmissible. «Plus de 12 000 personnes travaillent directement ou indirectement ici. Toutes ces familles en dépendent. L’État doit mesurer les conséquences de ses actes», a-t-il déclaré.

Mahamat Moussa Mahamat, étudiant à l’université de Toukra, a commencé la mécanique il y a 10 ans sur ce marché. «Grâce à ce travail, j’ai pu financer mes études secondaires et universitaires. Actuellement, je suis père de deux enfants, mais si ce marché est déguerpi, je ne pourrai plus poursuivre mes études. C’est un coup dur», a-t-il dit. Il appelle le gouvernement à trouver une solution alternative.

Abderamane Moussa Amadaye

Partagez sur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *