Prévu comme conseil national du salut (CNS), cette assise s’est vu transformer en Congrès extraordinaire du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) à l’issu duquel Mahamat Idriss Déby Itno a été désigné président d’honneur le 25 septembre 2024. Cette décision, loin d’être une surprise, marque une continuité évidente du pouvoir en place et confirme la patrimonialisation du régime a estimé Professeur Ahmat Mahamat Hassan, analyste politique et ancien ministre de la Justice.
Pour professeur Ahmat Mahamat Hassan, la désignation de Mahamat Idriss Deby Itno comme président d’honneur du MPS est un fait qui discrédite la crédibilité de l’État et des institutions. « Le président Deby a été élu sous une coalition de partis et non sous la bannière du MPS. Cette manœuvre est une répétition d’une stratégie dynastique », déclare-t-il, pointant du doigt la continuité d’une gouvernance fondée sur une succession familiale.Ahmat Mahamat Hassan ne mâche pas ses mots, pour lui, « cette nomination ne fait que confirmer ce que beaucoup redoutaient, la conservation patrimoniale du pouvoir ». Ce modèle, poursuit-il, « s’illustre par une absence totale d’ouverture politique et verrouille toute possibilité d’alternance ».
En ce sens, l’analyste voit dans cette désignation une démarche qui « perpétue une succession dynastique maladroite, qui manque de vision et de stratégie pour l’avenir du pays ».
L’ancien ministre rappelle que « le MPS, bien que parti historique, ne peut plus représenter seul la diversité politique et sociale du Tchad. Cette nomination montre un repli sur la famille et le clan, confirmant la continuité du pouvoir dans les mains des Deby ».
Selon lui, cette décision n’est ni bénéfique pour le président lui-même, ni pour la stabilité du pays. Pour l’analyste, « il est clair que cette nomination ne favorise pas la démocratie. Elle crée des tensions politiques en fermant toute porte à une véritable alternance ». Selon lui, cette conservation du pouvoir renforce l’idée d’un régime à caractère familial, un schéma « que le Tchad connaît depuis des décennies et qui limite la démocratisation du pays ».
Professeur Ahmat Mahamat Hassan conclut en affirmant que la nomination de Mahamat Idriss Deby Itno à la tête du MPS n’est qu’une étape de plus dans « une stratégie de continuité qui asphyxie l’ouverture démocratique et perpétue une gouvernance basée sur la centralisation du pouvoir familial ». Pour lui, cette décision risque de fragiliser encore davantage un Tchad déjà marqué par de fortes tensions sociales et politiques.
Abderamane Moussa Amadaye