Cela fait 21 ans que les vannes du premier puits de pétrole de Doba ont été ouvertes, marquant ainsi le début officiel de l’exploitation du pétrole tchadien. Un moment qui représentait une lueur d’espoir pour un pays enclavé, au cœur de l’Afrique, appauvri et ravagé par des guerres fratricides dans les années suivant son indépendance. 21 ans plus tard, cet espoir s’est transformé en cauchemar. La manne pétrolière n’a que peu servi le Tchad et a surtout permis de consolider un pouvoir fondé sur une armée clanique, explique le Professeur Ahmat Mahamat Hassan, analyste et ancien ministre de la Justice sous le régime de Deby père.

Pour Professeur Ahmat Mahamat Hassan, analyste, « le pétrole tchadien n’a servi qu’à financer l’achat d’armes et n’a profité ni aux Tchadiens, ni à la zone de production, ni à la réduction de la misère et de la pauvreté », dit-il.

Il rappelle qu’en 2009, le défunt président Deby père avait entrepris de réaliser « quelques infrastructures de mauvaise qualité qui n’ont pas tenu », explique-t-il, ajoutant que « le pétrole a été une malédiction pour le Tchad ».

L’ancien ministre reconnaît cependant que le pays est producteur de pétrole, mais avec une quantité bien inférieure à celle de pays comme l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Nigéria, la Libye, le Venezuela ou le Qatar. « Mais pour un pays pauvre comme le Tchad, confronté à la misère, à la montée de la haine, à la violence et à la guerre, cette richesse aurait dû servir à lutter efficacement contre ces fléaux. Malheureusement, le pétrole n’a servi à rien, même pas à la zone productrice », indique-t-il.

Selon lui, cette exploitation a plutôt créé des divisions entre les communautés locales, qui s’entre-déchirent sur la gestion des revenus pétroliers de la région productrice. « Les enfants du Logone Oriental continuent à être des garçons de ménage à N’Djamena et partout dans les grandes villes du pays, c’est terrible ! », s’exclame-t-il.

Le professeur persiste à dire que l’argent du pétrole n’a servi qu’au clan armé du Président Deby, père et fils. « Le Tchad n’est ni une République, ni un État de droit. C’est un clan ethnique et tribal qui prend en otage le peuple tchadien en utilisant l’argent du pétrole sous prétexte de garantir la sécurité, en armant une armée tribale pour conserver le pouvoir par la violence », déclare-t-il.

Professeur Ahmat estime que tant que le pouvoir ne découlera pas d’une volonté populaire, peu importe la richesse découverte, elle sera toujours confisquée par un groupe d’individus qui croient que le pays leur appartient et agissent en conséquence.

Abderamane Moussa Amadaye

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