Dans la nuit de dimanche à lundi des combattants du groupe djihadiste Boko Haram ont pris d’assaut la base militaire dans le département de Kaya, près de la frontière nigériane dans la province du Lac. Cette attaque sur une base militaire à Barkaram, une île située à l’ouest de Ngouboua a tragiquement fait une quarantaine de morts. Le président de la République Mahamat Idriss Deby Itno s’est rendu sur le terrain en treillis militaire au lendemain du drame, comme l’a fait Deby père le 23 mars 2020 à Bohoma.
Après l’attaque dans le presqu’île de Bohoma le 23 mars 2020, qui a couté la vie à 90 soldats tchadiens, Idriss Deby Itno, président de la République et chef suprême de l’armée à l’époque n’a pas tardé à porter son treillis militaire accompagné de ses galons ( général 5 étoiles) pour descendre sur le terrain et méné la guerre contre la secte islamiste Boko Haram sous le slogan, « colère de Bohoma»
4 ans après, ce drame se répète ce 27 octobre 2024 où une attaque du groupe terroriste Boko Haram a fait une quarantaine de morts dans la base militaire de Barkaram. Exactement comme Deby père, avec le même style, presque même habillement et même grades, le président Mahamat Idriss Déby Itno s’est rendu sur place et a donné le coup d’envoi de l’opération « Haskanite » pour poursuivre et traquer les assaillants jusqu’à leurs derniers retranchements.
De l’operation colère de Bohoma en 2020 à l’opération Haskanite en 2024, la guerre contre les terroristes Boko-Haram dans cette zone reste un défi pour la sécurité nationale.
Est-ce, le rôle d’un président de la République d’aller dans les théâtres des opérations dans une guerre asymétrique?
La secte Boko Haram, que l’on croyait affaibli, voire disparu, depuis l’opération colère de Bohoma menée par le défunt maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, existe encore. J’avais pensé que cette secte était affaiblie et n’avait plus la capacité de nuire à nos forces de défense et de sécurité. Mais elle reste encore très dangereuse et vient de faire une quarantaine de victimes parmi nos forces, qui se sacrifient jour et nuit pour garantir la paix, la sécurité des personnes et des biens, ainsi que la stabilité de la sous-région.
Le combat inachevé par l’ancien président, devient la relève du nouveau, qui à son tour compte en finir définitivement avec la secte Boko-Haram. De même que Deby père, Deby fils n’a pas tardé à tomber le masque de protection qui lui cachait le visage, il a repris son costume de chef des armées et son rôle de général d’armées aux cinq étoiles accrochées à la boutonnière, forcé de guerroyer contre ses ennemis de Boko-Haram qui menacent la stabilité du Tchad. Il s’est rendu personnellement sur place pour coordonner et diriger les opérations contre le groupe terroriste. Il a donc effectué ce voyage non seulement pour soutenir les victimes, remonter le moral des troupes et partager la peine des familles et des blessés, mais aussi pour venger nos morts et apporter toute l’assistance nécessaire afin de se préparer à d’éventuelles nouvelles attaques contre ses assaillants.
Cependant, un président ne doit pas descendre sur le terrain des opérations de surcroît une guerre asymétrique dont il est difficile d’identifier l’ennemie. Bien qu’il soit le chef suprême des armées, car il doit coordonner le combat de loin et confier la tâche aux différents chefs d’Etats Major qui à leur tour iront sur le champ d’honneur pour diriger les opérations, se confie un analyste. « Il n’est donc pas indiqué que le chef de l’État reste sur le front, même en étant le chef suprême des armées mais il est avant tout le président de la République et les institutions doivent fonctionner sous une coordination efficace, même s’il y a un Premier ministre et des membres du gouvernement », lance t’il.
La secte Boko-Haram est une menace persistante dans cette localité dans la mesure où on ne sent pas la présence des forces mixtes multinationales. L’armée nationale tchadienne seule, a pris l’affaire en main après avoir constaté l’absence de ces dernières sur les théâtres des opérations et compte mettre un terme à ce phénomène inquiétant plongeant la zone du Lac Tchad dans l’insécurité.
L’actuel président de la République pourrait-il être décoré Maréchal à son retour?
Je clarifie mon point de vue dans le passé, quelques mois après son retour de Bohoma, les députés ont élevé le général d’armée Idriss Déby Itno à la dignité de “maréchal du Tchad” au mois de juin 2020. Une distinction qui intervient en marge du vote de la résolution portant édification d’une stèle à la mémoire des soldats martyrs du 23 mars 2020 à Bohoma dont il a risqué sa vie pour la nation. Cette initiative est venue d’un député de l’opposition Ibni Daoud, 5e vice-président de l’assemblée nationale, pendant la plénière examinant la possibilité d’édifier une stèle à Bohoma, en mémoire des soldats tués par les éléments de Boko Haram le 23 mars de la même année.
Je m’interroge, le Conseil National de Transition (CNT) pourrait-il élever le président Mahamat Idriss Deby Itno, au rang d’appellation du Maréchal du Tchad après son retour? comme ce fut le cas de l’ancien président? Étant donné qu’il a pris le même risque que son défunt père pour la défense de la patrie.
Noël Adoum