Suite aux évènements du 27 février 2024, depuis hier, internet est censuré dans plusieurs villes du pays. Cette situation est critiquée par les utilisateurs de cet outil devenu indispensable ainsi que les journalistes du numérique qui se servent pour relayer l’information en temps réel.
Pour Mbaigolmem Arnaud, journaliste et promoteur du journal en ligne Bande info, la coupure de l’internet entrave son métier de journalisme. Il relève que cette coupure pousse certains de ses confrères à se connecter avec des réseaux étrangers en rejoignant le bas du fleuve logone-chari ou des villes frontalières du pays. «Et cela pose énormément de problèmes. On se fait appeler un pays démocratique mais pour une petite dispute entre un groupe d’individus qui tenterait de s’en prendre à des institutions de l’État, on coupe l’internet et aucune communication n’est avancée. Nous sommes en train de subir les conséquences des dommages de cette coupure et c’est difficile», a-t-il déploré. Cette censure de l’internet est aussi critiquée par Florence Mokibgué, journaliste de profession. «Je déplore la censure qui a des répercussions négatives sur le métier que nous exerçons. Nous ne parvenons pas à diffuser nos articles pour mieux informer la population», a-t-elle relevé. Selon elle, le gouvernement doit trouver une solution. «Aujourd’hui internet ne sert pas seulement à diffuser les informations mais aussi à vendre des biens et à communiquer avec le monde extérieur. C’est anormal qu’on censure internet chaque fois qu’il y a un incident », a-t-elle laissé entendre. Ahmat Boulama Achamane, vice coordonnateur des internautes tchadiens trouve cette censure illogique. «Pour ma part, je pense que la censure est illogique. Aujourd’hui internet est un droit et couper nous prive de l’information. Vous conviendrez avec moi que la plupart des tchadiens sont informés que grâce à internet, parce que personne ne regarde la télé Tchad à cause du délestage ou encore du fait que cette télé n’informe pas comme il se doit», dit-il. Il estime que rien ne peut justifier cette censure et invite les téléphonies mobiles et le gouvernement à rétablir internet. «Couper internet, c’est priver les citoyens de leur droit de s’informer », a-t-il expliqué. Cette censure touche aussi les vendeurs de crédits. «Depuis hier, la vente des mégas a considérablement chuté et cela impacte nos maigres revenus», a laissé entendre ce détenteur de cabine téléphonique.
Abderamane Moussa Amadaye