
La désinformation s’impose aujourd’hui comme une menace majeure pour la cohésion sociale et la démocratie. Au Tchad, son impact est palpable, alimentant les divisions, sapant la confiance dans les institutions et influençant les décisions publiques. Pourtant, l’éducation aux médias reste largement négligée par les autorités, laissant le terrain libre aux fausses informations.
Deuh’b Zyzou, communicant et formateur sur les questions du digital et de la désinformation, insiste sur la nécessité d’une approche méthodique pour distinguer une information vérifiée d’une fake news. « Il faut d’abord vérifier la source : est-ce un média reconnu, une institution officielle ou un expert crédible ? Méfiez-vous des sources anonymes ou peu connues », recommande-t-il. Il souligne aussi l’importance d’examiner l’URL des sites, certains imitant des médias sérieux. « Si seule une source marginale relaie l’information, il faut être sceptique. »
L’analyse du contenu est tout aussi cruciale. « Les fausses nouvelles utilisent souvent un langage sensationnaliste, des titres chocs en majuscules ou avec des points d’exclamation excessifs. Une information fiable cite des dates, des lieux et des chiffres sourcés », explique-t-il. Il recommande aussi de vérifier les images et vidéos via des outils comme Google Reverse Image Search ou TinEye, ainsi que la date de publication, car une vieille information peut être recyclée pour tromper.
Mais au-delà des outils, Deuh’b Zyzou rappelle que « le plus puissant reste le cerveau. Il faut toujours avoir un esprit critique. Sur Internet, il faut se douter de tout, c’est le premier réflexe d’un fact-checkeur ». Un réflexe d’autant plus nécessaire que la désinformation ne se limite pas à la manipulation de faits, elle influence les décisions politiques, économiques et sanitaires. « Les fausses informations sur les vaccins, par exemple, ont causé des dommages évitables, même au Tchad », souligne-t-il.
Si les conséquences sont graves, les réponses restent insuffisantes. Jusqu’à présent, l’éducation aux médias repose sur l’engagement des organisations de la société civile et des acteurs internationaux. « L’État tchadien doit s’investir dans ce combat. Il est temps d’emboîter le pas aux autres », conclut Deuh’b Zyzou.
Rappelons que la date de cette journée a été instaurée le 2 avril 2016, par le Réseau international de Fact-Checking (IFCN) pour souligner l’importance de la vérification des faits dans la lutte contre la désinformation.
Abderamane Moussa Amadaye