
Le 13 juin dernier, Israël a lancé des frappes ciblées sur la capitale iranienne, Téhéran, et d’autres villes, déclenchant une riposte immédiate de la République islamique. Tel-Aviv, Haïfa et plusieurs installations stratégiques ont été touchés par des missiles en provenance d’Iran, illustrant la gravité d’un affrontement entre deux puissances au cœur d’un Moyen-Orient en ébullition.
L’avancement du programme nucléaire iranien serait à l’origine de cette attaque. Selon Tel-Aviv, l’Iran serait sur le point de franchir un seuil critique, capable de produire l’arme atomique. Mais pour Mahamat Elhadj Brahim, tchadien, chercheur en droit public à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette attaque s’inscrit dans une logique plus profonde.
« L’arme nucléaire n’est plus conçue comme une arme de guerre mais comme un outil de dissuasion », affirme-t-il. Pour lui, un Iran nucléaire ne représenterait pas une menace directe pour Israël, qui détient lui-même l’arme atomique depuis des décennies. « La narration qui fait de l’Iran un danger régional est avant tout stratégique. Elle masque les véritables motivations, maintenir la suprématie d’Israël comme base avancée des États-Unis dans la région », souligne-t-il.
Selon lui, l’Occident de manière générale mène à travers Israël une guerre par procuration contre les États encore insoumis, comme la Palestine ou le Hezbollah, l’Irak à une époque. L’Iran, puissance chiite, est perçu comme l’un des derniers bastions de résistance idéologique à l’ordre mondial occidental. « Comme l’a dit Pascal Boniface, l’une des deux visions du monde doit disparaître pour que l’autre survive », rappelle-t-il.
A la question du rôle que l’Afrique doit jouer dans cette escalade, Mahamat Elhadj estimé que dans cette confrontation, l’Afrique reste en marge. « Le continent n’a ni le poids politique, ni les ressources économiques ou militaires pour jouer un rôle de médiateur », note Mahamat Elhadj. En cas d’escalade, l’impact serait néanmoins lourd, flambée des prix du pétrole, inflation et pression sur les économies déjà fragiles, a-t-il expliqué.
Quant à l’ONU, il estime qu’elle est « incapable de résoudre une telle crise, minée par le droit de veto et sa dépendance financière vis-à-vis des États-Unis ».
« Ce conflit, s’il ne dégénère pas en 3e Guerre mondiale, pourrait bien inaugurer une nouvelle guerre froide, où l’affrontement idéologique reprendra le dessus sur le dialogue multilatéral », conclut-il.
Abderamane Moussa Amadaye