
Le ministère public a requis, ce mercredi, dix ans de travaux forcés contre l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba, jugé devant la Cour de cassation dans une affaire de détournement présumé de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani.
Le ministère public a demandé à la Cour de condamner l’ancien ministre de la Justice à 10 ans des travaux forcés, assortis de 10 ans d’inéligibilité après avoir purgé la peine, de privation du droit à la libération conditionnelle ainsi que de son exclusion des fonctions publiques.
Selon l’accusation, un virement jugé irrégulier aurait été effectué vers Zion Construction, une société soupçonnée d’être fictive. Pour le parquet, cette opération constitue un acte délictueux ayant porté atteinte aux finances publiques. Cet argent payé par l’Ouganda au titre d’indemnisation des victimes de la guerre de six jours, a été réaffecté par le prévenu à la construction d’une prison à Kisangani. Il évoque un virement irrégulier et l’absence des outils du projet de construction sur terrain. Mais la défense qualifie ce réquisitoire de «honte pour les étudiants en droit» et clame l’innocence de l’ancien ministre. Elle soutient que les fonds incriminés sont toujours disponibles à la banque. Rien n’a été détourné.
L’affaire a pris une ampleur nationale après la levée de l’immunité parlementaire de Mutamba et sa démission en juin 2025 de ses fonctions ministérielles. L’ex-ministre, également député national, clame cependant son innocence, affirmant que les fonds sont «intacts à la Rawbank» et dénonçant une «machination politique» visant à l’écarter de la scène publique.
Le procès, marqué par de vives tensions, a déjà vu la récusation de deux juges pour partialité, à la demande de la défense. L’audience de ce 13 août a prolongé ce feuilleton judiciaire très suivi par l’opinion, alors que le verdict devrait intervenir dans les prochains jours.
Prenant la parole, Constant Mutamba a déclaré, «aujourd’hui cette justice que j’ai servi avec tant d’amour m’a tout arraché : mon honneur, ma crédibilité, ma dignité, mon directeur de cabinet».
Noël Adoum