A quelques heures de la révision technique de la Constitution du 29 décembre 2023 par le parlement, l’opposition tchadienne conteste et rejette purement et simplement cette loi.

Le Président du RNDT-Le Réveil, Chef de file de l’opposition, Sénateur Pahimi Padacké Albert, dénonce l’incompétence du parlement et estime que la constitution n’est pas un simple chiffon que l’on froisse suivant les humeurs du jour. «Notre parlement est incompétent pour cette révision constitutionnelle profonde […] non pas comme des dignes parlementaires, mais comme des usurpateurs deconstituants. C’est une brutale confiscation de la souveraineté du peuple». Cette révision est un absurde alignement de la loi fondamentale du Tchad , sur le Règlement intérieur d’un parti qu’un vrai référendum rejetterait dans les abîmes de l’histoire. Une honte nationale, dit-il, «Nous sommes appelés à trancher en âme et conscience à sauver la République ou la piétiner».

Alertant les députés, le Sénateur Pahimi souligne qu’«aujourd’hui, vous êtes en train d’inscrire dans la constitution la fin de la séparation des pouvoirs, qu’on constatait déjà dans les faits depuis l’avènement de la 5eme République. La dérive autoritariste que nous dénonçons ici n’est pas virtuelle,elle n’est pas à venir, elle est là, factuelle», a-t-il laissé entendre.

Le Président de l’UDP Max Kemkoye relève que cette constitution, non seulement, donne deux ans cadeau à Mahamat Idriss Deby Itno mais aussi la possibilité de ne plus organiser des élections en invoquant simplement le cas de force majeure pour rester indéfiniment au pouvoir. «je suppose que parfois, pour qu’un changement arrive, il faut que quelque chose soit à la base pour le déclencher. Et tout ça ne sera qu’un château de cartes qui va s’écrouler très rapidement comme les précédents, en particulier la constitution qui a institué la présidence intégrale et le serment confessionnel. Car, ceux qui vivent sont ceux qui luttent», dit-il.

Pour la présidente intérimaire du parti Les Transformateurs Hoinathy Claudia, Aujourd’hui, le Parlement tchadien s’apprête à franchir une ligne rouge. Sous couvert d’une prétendue «révision technique», «on veut imposer au peuple une réforme constitutionnelle taillée sur mesure, sans débat réel, sans légitimité, et dans l’ombre de l’arrestation arbitraire de notre Président Succès Masra, privé de liberté depuis 141 jours».

Selon elle, «une Constitution est un contrat social.
On ne la piétine pas dans une salle close. On la construit avec le peuple», dénonçant que tout vote organisé dans ces conditions n’aura aucune valeur légitime aux yeux de l’Histoire et ceux qui s’y associent devront en répondre devant la Nation.

Noël Adoum

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