
Privée d’électricité depuis deux semaines, la ville d’Abéché suffoque sous une canicule implacable qui dépasse les 46°C. Cette situation, causée selon une source interne à la SNE par une rupture de stock en gasoil, plonge la population dans un désespoir grandissant.
Au marché central, Mahamat Abdallah, commerçant en alimentation générale, peine à conserver ses produits périssables. « J’ai perdu plusieurs cartons de lait et de yaourts. Sans électricité, mes réfrigérateurs sont inutiles. Je travaille à perte malgré la disponibilité des panneaux solaires», déplore-t-il, accablé par la chaleur dans son échoppe.
L’impact est tout aussi lourd sur les étudiants. Saleh Issa, inscrit à l’Université Adam Barka, raconte ses journées sans ventilation ni lumière. « On ne peut ni réviser la nuit, ni dormir convenablement. Le jour, la chaleur est insupportable ; la nuit, l’obscurité est totale. On vit comme à l’époque coloniale. »
Les habitants, livrés à eux-mêmes, dénoncent l’inaction des autorités face à cette crise prolongée. Les lampadaires publics sont éteints. Le manque de carburant et de gaz butane aggrave davantage la précarité quotidienne.
« À quoi sert la centrale électrique de la SNE si elle ne peut pas alimenter une ville comme Abéché ? », s’indigne Daoud, habitant du quartier Ahmadalbadawi.
En attendant un éventuel rétablissement, la colère monte et les langues se délient. Dans la chaleur étouffante du Ouaddaï, c’est tout un peuple qui attend désespérément la lumière.
Ahmat AbdelRamane Kikigne, Abéché, Flashtchad.com