L’Algérie franchit une nouvelle étape dans sa longue quête de reconnaissance des crimes commis durant la période coloniale française. L’Assemblée populaire nationale s’apprête à examiner une proposition de loi visant à qualifier juridiquement les exactions perpétrées entre 1830 et 1962, une période marquée par une domination coloniale violente et systémique.

Le projet de loi, élaboré par un groupe pluraliste de parlementaires, doit être débattu en séance plénière le 21 décembre. Il s’agit d’un projet qui entend inscrire dans le droit algérien une lecture claire de l’histoire coloniale, en reconnaissant officiellement la nature criminelle de certaines pratiques coloniales, notamment les opérations militaires, les spoliations foncières, les déplacements forcés de populations et la répression sanglante des résistances algériennes rapporte les médias locaux algériens.

Selon les éléments rendus publics, la proposition vise également à affirmer le caractère imprescriptible de ces crimes et à ouvrir la voie à des demandes de réparation, tant matérielles que morales. L’objectif affiché n’est pas la confrontation, mais l’établissement d’une vérité historique fondée sur les faits et la mémoire des victimes, peut-on lire sur les colonnes des médias algériens.

Pour de nombreux historiens et juristes algériens, cette initiative répond à une nécessité morale et politique. Ils estiment que le silence ou la minimisation des crimes coloniaux alimente les tensions mémorielles et empêche toute relation apaisée et équilibrée entre l’Algérie et la France. La reconnaissance juridique est ainsi perçue comme un préalable indispensable à une réconciliation sincère.

Cette démarche s’inscrit dans une continuité historique. Depuis les années 1980, plusieurs tentatives législatives ont été engagées en Algérie sur la question du colonialisme, sans jamais aboutir. Le contexte régional et international actuel, marqué par un regain des débats sur la mémoire coloniale en Afrique, semble aujourd’hui offrir un terrain plus favorable à l’aboutissement de cette initiative.

Sur le plan diplomatique, ce projet intervient alors que les relations algéro-françaises traversent une phase de fortes turbulences, ravivées par des désaccords profonds sur les questions mémorielles. Alger n’a jamais cessé de réclamer une reconnaissance officielle et explicite des crimes coloniaux, considérant cette exigence comme une question de dignité nationale et de justice historique.

Abderamane Moussa Amadaye

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