
Le 21 mars a été proclamé Journée mondiale de la poésie par la Conférence générale de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture. A l’instar du monde, le Tchad commémore cette journée. La rédaction de Flaschtchad a fait réagir le poète et écrivain tchadien Attom Abdoulaye Soumaïne sur le rôle de la poésie dans l’espace national.
L’objectif de cette journée est d’encourager la lecture, la rédaction, la publication et l’enseignement de la poésie dans le monde entier et de «donner une reconnaissance et une impulsion nouvelles aux mouvements poétiques nationaux, régionaux et internationaux». Epris de la Poésie et surnommé Poète en herbe, Attom Abdoulaye Soumaïne relève qu’il est crucial de comprendre que la poésie est cet art sensible et souvent opaque, mais qui en réalité joue un rôle fondamental dans la sphère culturelle, éducative, politique et sociétale. «La poésie me permet à travers certains thèmes d’exprimer effectivement les émotions, la joie, les supplices , le doute, l’amour … à l’échelle sociétale» ajoutant qu’elle est aussi, «un moyen de monter au créneau afin de dénoncer les dérives politiques et socio-économiques qui ne cessent d’enfoncer le Pays dans un labyrinthe sans issue». Il poursuit, «je suis un poète engagé et à travers cet engagement, je cherche bien évidemment à impulser la conscience collective en vue d’un changement de mentalité».
M. Attom Abdoulaye Soumaïne affirme que la poésie a sa place au Tchad, bien qu’elle passe souvent inaperçue à l’endroit du public, rappelant qu’elle est profondément ancrée dans la culture et l’Histoire du Tchad, se basant sur la poésie orale qui existait depuis des lustres, qui fut pour les griots tchadiens un fondamental outil de transmission des valeurs culturelles et connaissances. «Cette Poésie compatissait également aux peines du peuple tchadien qui portait toujours sa croix», dit-il. Beaucoup de poètes tchadiens mettaient en valeur leurs plumes afin de prôner la mansuétude, le vivre-ensemble et la paix dans au Tchad où les guerres et conflits intercommunautaires se pointaient à l’horizon.
Selon le porte en herbe, la poésie engagée a des difficultés à s’épanouir. «Nous sommes dans un contexte très compliqué, où les intimidations et la liberté d’expression sont limitées. Car cette Poésie qui procure une voix aux marginalisés et opprimés, en dénonçant les injustices et défendant les droits de l’homme , est mal conçue par le pouvoir en place qui semble allergique aux critiques». Le second souci, M. Soumaïne a soulevé le faible lectorat surtout les amoureux de la poésie au Tchad. Certaines personnes pensent que la poésie est difficile à disséquer sa quintessence malgré qu’elle sensibilise , éveille le peuple relativement aux défis du développement et plaide en faveur d’une bonne gouvernance. Il constate que cette poésie est confrontée à une carence de visibilité, en raison du manque de moyens financiers pour éditer les recueils, de la faible diffusion des œuvres et aussi l’absence d’un encouragement institutionnel auprès des acteurs qui veulent exceller dans cet espace ésotérique.
Selon lui, dans le contexte politique et social actuel, où les autorités aiment qu’on leur jette des fleurs, certains prétendus poètes ou auteurs ont déjà compris que le fait que leurs plumes se vautrent dans le culte de la personnalité est la seule issue pour parvenir à gagner leur vie avec facilité. Mais, il souhaite, qu’un jour ces jeunes puissent prendre conscience et mettre en exergue leurs plumes pour dénoncer les injustices sociales, les corruptions, la mauvaise pente politique et surtout défendre le peuple dont l’avenir est enseveli dans le cercueil de désespoir.
M. Attom Abdoulaye Soumaïne conseille aux jeunes de peaufiner leurs plumes et avec le temps , leur talent ne sera pas latent. Il estime que c’est simple de comprendre les messages hermétiques d’un poète, «il suffit juste d’avoir un esprit critique, d’analyser les poèmes et surtout de se référer au contexte dans lequel le poète écrit. Certes, la poésie est parfois obscure lorsque l’auteur utilise la métaphore, mais en tant que lecteurs, vous êtes appelés à adopter une approche qui met en évidence d’intuition et de sensibilité», a-t-il conclu.
Notons que l’écrivain Attom Abdoulaye Soumaïne est l’auteur de plusieurs livres poétiques notamment «le vacarme de mon Carme», «la plume libre d’un Félibre» et «les femmes sont nos âmes».
Adoum Noël