
Arrivée au pouvoir après la mort soudaine de son prédécesseur du Covid-19, Samia Suluhu Hassan, favorite du scrutin présidentiel, rêve de consolider son pouvoir dans un climat de répression systématique.
À la veille des élections générales prévues ce mercredi 29 octobre, la Tanzanie se prépare à un scrutin dont l’issue semble ne faire aucun doute. La présidente sortante, Samia Suluhu Hassan, et son parti historique, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance en 1961, sont donnés grands favoris. Arrivée au pouvoir en mars 2021 après le décès soudain de son prédécesseur autoritaire John Magufuli, dont elle était la vice-présidente, Samia Suluhu Hassan brigue son premier mandat électif.
Pour s’assurer une victoire éclatante, le régime a méthodiquement neutralisé toute concurrence sérieuse. Les deux principaux partis d’opposition, Chadema et ACT-Wazalendo, ont été de facto exclus du scrutin. Le Chadema a été écarté pour avoir refusé de signer un code de conduite électoral qui, selon lui, n’intégrait pas les réformes exigées. Son leader, Tundu Lissu, rentré d’exil en 2023 après avoir survécu à une tentative d’assassinat en 2017, a été arrêté en avril. Il est depuis jugé pour trahison, un crime passible de la peine de mort et pour lequel la libération sous caution est impossible selon la loi tanzanienne. Les autres figures de l’opposition n’ont pas connu un meilleur sort : John Heche, vice-président de Chadema, a été arrêté le 22 octobre alors qu’il se rendait au procès de Tundu Lissu; Luhaga Mpina, un autre candidat populaire d’ACT-Wazalendo, a été disqualifié par la commission électorale; Ali Mohamed Kibao, un cadre du Chadema, a été retrouvé mort en septembre 2024, le corps roué de coups et aspergé d’acide; Humphrey Hesron Polepole, ancien ambassadeur devenu critique du pouvoir, a disparu début octobre. Une vidéo montre sa maison avec des portes cassées et le sol maculé de sang. Face au vide laissé par les partis historiques, des «partis fantômes», proches du pouvoir, ont été créés pour donner une illusion de pluralisme démocratique.
La tension est palpable, y compris dans l’archipel semi-autonome de Zanzibar, qui vote dès ce mardi, un jour avant le continent. L’opposition locale, menée par Othman Masoud Othman (ACT-Wazalendo), dénonce un «vol anticipé», affirmant que ce vote anticipé permet au parti au pouvoir de truquer les élections. affirmant que ce vote anticipé permet au parti au pouvoir de truquer les élections. L’opposant assure avoir la preuve que «des personnes décédées, et en nombre important» sont inscrites sur les registres électoraux. Des accusations balayées par la commission électorale, qui parle de «fausses informations» destinées à «créer des tensions». Dans ce climat délétère, où la Tanzanie a également limité la présence des observateurs internationaux, l’Église catholique a donné de la voix. Le 14 octobre, l’archevêque de Dar es Salaam a sommé le gouvernement de «trouver des solutions» face aux enlèvements et disparitions. Il a aussi appelé les Tanzaniens à ne pas se laisser «influencer par les menaces, les pots-de-vin ou toute forme d’intimidation». Pendant ce temps, Samia Suluhu Hassan a continué sa campagne, promettant «paix et stabilité». Une ironie au regard de la situation en cours
Flashtchad.com avec Le Point