Comme dans le reste du monde, le Tchad célèbre ce 10 décembre 2024 la Journée des droits de l’homme, en commémoration de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948. Cette année, la journée est placée sous le thème : « Nos droits, notre avenir, maintenant ». À cette occasion, Franck Nakingar, président de l’Observatoire des Droits et Libertés (ODL), regroupant 23 organisations, dresse un sombre bilan de la situation des droits humains au Tchad.
Pour Franck Nakingar, cette journée symbolise la reconnaissance officielle des droits humains au niveau international et leur inclusion progressive dans les politiques publiques. « Beaucoup d’organisations, nationales et internationales, dédiées à la défense des droits humains ont vu le jour grâce à cette avancée historique. Cela a marqué le début d’une prise de conscience mondiale pour préserver ces droits », souligne-t-il.
Au Tchad, le constat actuel est alarmant, selon le Président de l’Observatoire pour les droits et libertés. « Depuis août 2023, le gouvernement a adopté 4 ordonnances (08, 09, 10 et 11) qui ont anéanti plus de 30 ans d’efforts démocratiques. Ces textes encadrent strictement les attroupements, manifestations sur la voie publique, réunions publiques et l’état d’urgence. Si auparavant les manifestations, bien que non autorisées, pouvaient se tenir, aujourd’hui, elles sont quasiment impossibles à organiser », explique-t-il.
Nakingar dénonce également le traitement inégal des demandes de manifestations. « Nous avions sollicité un rassemblement devant le Conseil national de transition, mais notre demande est restée sans réponse. Pendant ce temps, des autorisations sont rapidement accordées à ceux qui soutiennent la rupture de l’accord militaire avec la France. Ce deux poids deux mesures aggrave encore davantage la situation des droits humains », déplore-t-il.
Le président de l’ODL s’inquiète aussi des disparitions forcées, des détentions arbitraires et des violences persistantes. « Certaines personnes sont enlevées par les services de renseignement, torturées, ou emprisonnées sans mandat judiciaire. Dans les villages, les violences et tueries se poursuivent sans que les auteurs présumés soient jugés. Nous avons même des prisons privées gérées par des personnalités influentes qui se livrent à des traitements inhumains. »
Malgré les restrictions croissantes et le silence des autorités face aux revendications, les organisations de défense des droits humains continuent de publier des communiqués pour dénoncer ces abus. « Nous ne perdons pas espoir. Nous espérons que, tôt ou tard, les choses finiront par changer », conclut Franck Nakingar.
Abdermane Moussa Amadaye