Le journaliste Kemtchang Kassouré Marcel trempe sa plume dans l’encrier et rédige une lettre ouverte aux cadres politiques de la province de la Tandjilé. Il dénonce une farce politique, la confusion de la responsabilité publique et promenade folklorique de la part des autorités de cette province.

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À vous, sénateurs, députés et membres du conseil provincial de la Tandjilé,

La population meurtrie de notre province vous observe, et le spectacle que vous offrez frôle l’indécence. Ce qu’elle voit, c’est une farce politique, un théâtre minable où les acteurs confondent responsabilité publique et promenade folklorique. Depuis quelques jours, vous défilez dans nos départements comme des touristes perdus, avalant budgets et cérémonies inutiles, débitant des discours sans consistance et des promesses qui meurent avant même d’avoir franchi vos lèvres. Jusqu’à quand faudra-t-il endurer vos caprices, vos mesquineries et votre ignorance assumée ?

La Tandjilé accuse un retard accablant. Un retard honteux pour une province dont le sous-sol charrie du pétrole depuis presque dix ans. Où sont les routes dignes de ce nom ? Où sont les salles de classe pour nos enfants ? Où sont les infrastructures que vous brandissez en slogans mais n’accomplissez jamais ? Quel pacte obscur vous lie à la médiocrité pour condamner une génération entière à survivre plutôt qu’à vivre? Le seul budget de vos tournées tapageuses aurait pu suffire à construire des dizaines de salles de classe. Mais vous préférez vous vautrer dans l’apparat, la mise en scène et le mensonge.

Hier encore, vous avez promis monts et merveilles : buttumage des rues, désenclavement, renaissance de la province… et aujourd’hui, assis bien au chaud dans vos fauteuils du Sénat et de l’Assemblée, aucun d’entre vous n’a eu l’audace, ou simplement l’honnêteté, de porter le moindre regard vers la Tandjilé. Est-ce cela, votre conception du développement ? Une parole donnée que vous usez comme un chiffon, avant de la jeter au caniveau ?

Vous vous comportez comme si vous étiez immortels. Comme si les comptes ne se réglaient jamais. La justice humaine vous fait peut-être rire, mais la justice divine ne vous oubliera pas. Chacun portera sa croix, et elle sera lourde, bien avant que vos yeux ne se ferment pour de bon. La Tandjilé ne restera pas votre terrain de jeu. Sa jeunesse, consciente et debout, ne vous laissera plus gouverner l’injustice en silence. Peu importe la longueur de la nuit : le jour finit toujours par surgir. Et lorsque les araignées s’unissent, elles peuvent ligoter un lion, même s’il se croit invincible.
Pendant que vous partagez vos soirées dans les auberges et hôtels, nous, citoyens de la Tandjilé particulièrement de la Tandjilé Ouest subissons une crise que vous feignez de ne pas voir. Les éléphants, pourtant éléments essentiels de notre écosystème, sont devenus une menace directe pour nos vies et notre survie. Les attaques se multiplient, fauchant des existences, ruinant nos cultures, brisant notre sécurité alimentaire.

Des familles pleurent leurs morts. Des champs entiers sont ravagés, alors qu’ils représentent la seule planche de salut de milliers de foyers. La combinaison de ces pertes agricoles et de conditions climatiques difficiles ouvre la porte à une famine qui pourrait décimer la province… pendant que vous débattez de vos privilèges.
La Tandjilé souffre. Vous, vous détournez le regard.

À bon entendeur, salut!

Kemtchang Kassouré Marcel

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