Rédacteur en chef 
Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement National, a entamé une visite au Tchad pour rencontrer le maréchal Mahamat Idriss Deby Itno à Amdjarass. Ce déplacement, son deuxième après celui de 2017, intervient alors qu’elle traverse une période de turbulences politiques en France, à l’approche des prochaines échéances électorales de 2027, où elle affiche très clairement son ambition de présidée la destinée de la France.
Cette visite interroge sur ses motivations réelles. L’analyste politique et ancien ministre de la Justice, professeur Ahmat Mahamat Hassan, y voit une tentative de recherche de financement. « En difficulté politique, Marine Le Pen cherche un soutien financier auprès des dirigeants africains, une pratique qui perdure depuis des décennies, comme avec Jacques Chirac financé par Oumar Bongo, Sarkozy qui aurait bénéficié en 2007 d’un soutien financier de Gaddafi ou d’Idriss Deby père », affirme-t-il.
Au-delà des considérations financières, cette visite s’inscrit dans un contexte diplomatique particulier où le Tchad a récemment, de façon inattendue, et à la surprise générale de tous, rompu les accords militaires avec Paris. « La visite de Marine Le Pen au Tchad rappelle que, malgré la rupture des relations de coopération militaire, la France demeure un partenaire incontournable pour le Tchad. Les dirigeants tchadiens ont confirmé que les secteurs de coopération non militaires restent valables. Avec les élections à venir en France, les relations entre les deux pays reposent sur des intérêts réciproques. Les Tchadiens doivent s’assurer que ces relations profitent réellement aux populations des deux pays, au-delà des simples enjeux politiques », analyse Ahmat Mahamat Hassan.
Dans un contexte où les relations entre N’Djamena et Paris restent fragiles, cette visite illustre la persistance des liens entre certaines élites africaines et françaises, où pouvoir et intérêts stratégiques s’entrelacent.
Abderamane Moussa Amadaye
