Le drame survenu le 14 mai dernier à Mandakao, dans le Logone Occidental, continue de secouer le pays. Le gouvernement parle désormais d’un massacre planifié, tandis que l’arrestation surprise de Succès Masra ce 16 mai ravive les tensions politiques.

Lors d’un échange avec la presse, le ministre de l’Administration du territoire, Limane Mahamat, n’a pas mâché ses mots, « Il s’agit plus d’une conspiration, d’un massacre planifié, organisé et exécuté méthodiquement, qui s’apparente à une épuration ethnique », a-t-il laissé entendre. Le conflit communautaire qui a ensanglanté Mandakao aurait fait officiellement 42 morts, dont 17 enfants et 13 femmes, selon les chiffres avancés. Le ministre a décrit une attaque ciblée, menée par des groupes « organisés, prépositionnés comme des milices », portant des signes distinctifs.

À l’origine du drame, un audio viral en langue Ngambaye, qualifié « d’incitation à la haine et à la révolte », aurait enflammé les esprits. Le gouvernement y voit l’élément déclencheur d’un acte prémédité. Des cases ont été incendiées, des sépultures profanées, et les victimes, en majorité issues du village n’auraient opposé aucune résistance, les hommes étant absents au moment des faits, a expliqué le ministre.

Dans ce contexte tendu, l’interpellation de l’ancien Premier ministre de transition et opposant politique Succès Masra, ce vendredi matin, fait grand bruit. Le parquet général l’accuse d’avoir diffusé des messages incitant à la haine et à la violence sur les réseaux sociaux, en lien avec les événements de Mandakao. Des chefs d’inculpation lourds pèsent contre lui, « incitation à la révolte, constitution de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire, et profanation de tombes ».

Alors que les autorités affirment que cette procédure est strictement judiciaire, le parti Les Transformateurs crie à l’acharnement politique. Son vice-président dénonce un « enlèvement » et demande la libération immédiate de leur leader.

Une enquête judiciaire est en cours. Le gouvernement promet justice pour les victimes et appelle à la paix. Le pays, lui, retient son souffle.

Abderamane Moussa Amadaye

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