
Le canal de drainage d’eau traversant les 7ᵉ et 8ᵉ arrondissements de N’Djamena, censé prévenir les inondations en saison pluvieuse, est aujourd’hui transformé en un véritable dépotoire à ciel ouvert. L’équipe de Flashtchad a fait le constat ce 5 avril 2025. Reportage.

De Chari Birmil à Ngabo en passant par N’Djari, Diguel-Est et Riyad, ce couloir d’écoulement des eaux pluviales est envahi par des bouteilles plastiques, des déchets ménagers, du sable, des eaux stagnantes et, pire encore, des tuyaux de douches domestiques qui y déversent urines et autres résidus. L’odeur nauséabonde qui s’en dégage est insoutenable.

La mairie, pourtant responsable de l’entretien, reste totalement absente. Aucun curage, aucune campagne de sensibilisation n’est visible. « J’ai honte. C’est inadmissible que dans une capitale, les gens vivent à côté d’un tel marécage d’ordures. Même pour prier, l’air est irrespirable », déplore Mahamat Saleh, un riverain du quartier Diguel Riyad. Plus loin, au quartier Chari Birmil, Reine Madeleine, témoigne aussi son désarroi. « Nos enfants tombent malades, on ne peut plus ouvrir les fenêtres. La mairie fait comme si on n’existait pas. »
Un autre habitant, qui a préféré garder l’anonymat, se montre fataliste. « Même si on parle, ça ne changera rien. Ici, rien ne change jamais. »

Pour Dr Mahamat Moustapha Ahidjo, médecin de santé publique, cette situation est dramatique. « Ces eaux stagnantes favorisent la prolifération des moustiques, vecteurs du paludisme, de la dengue, mais aussi des maladies comme le choléra ou la fièvre typhoïde. Sans une action rapide, la santé des populations est sérieusement menacée », alerte-t-il.
Le canal, censé protéger les populations, est devenu une menace silencieuse. La population interpelle les autorités communales à agir rapidement.
Abderamane Moussa Amadaye
