Nommé le 23 mai dernier Premier Ministre, le nouveau Chef du Gouvernement, Allah-Maye Halina a présenté hier jeudi 13 juin 2024 son programme politique axé sur 12 chantiers au conseil national de transition (CNT). Un programme profondément critiqué par l’analyste politique et ancien ministre de la justice sous Deby père, Professeur Ahmat Mahamat Hassan. Il estime que plusieurs questions cruciales ont été négligées, notamment la question sociale, la presse et enfin l’épineuse problématique de l’armée et sa profonde réforme.
Professeur Hassan a souligné que l’amélioration du coût de la vie, une promesse centrale du Président de la République lors de sa campagne et de son investiture, était absente du programme du Premier ministre. L’analyste a estimé que, «le programme politique de Halina doit refléter les grandes orientations du Président de la République», a-t-il déclaré. Il a déploré cette omission «dans un contexte où la population vit dans la misère», dit-il. Concernant la réduction des prix de carburants, Professeur Ahmat indique que cette baisse n’est pas significative comparée à la cherté de vie actuelle.
Il a également relevé que la presse avait été oubliée dans le programme politique du gouvernement. Selon l’analyste, «les médias au Tchad sont perçus uniquement sous un angle critique, alors qu’ils devraient être considérés comme des instruments de sensibilisation des citoyens pour contribuer au développement du pays». Il s’est scandalisé de cette occultation à l’ère de la 5e République, où la presse, dit-il, devrait être davantage impliquée pour la dénonciation et la sensibilisation de la population pour leur implication positive dans le changement tant voulu.
Avant de finir, le Professeur Hassan a mentionné l’absence de la question de l’armée. «Au Tchad, il y a un ministère de la Défense, pas un ministère délégué rattaché à la présidence. Donc, la réforme de l’armée, la sécurité interne et des frontières sont essentielles», a-t-il affirmé. Il a insisté sur la nécessité d’une réconciliation entre les forces armées et les citoyens, pour que les militaires ne soient plus perçus comme des éléments de terreur, mais de protection.
Enfin, le Professeur Ahmat Mahamat Hassan a exhorté le Premier ministre à revoir son programme. «Il ne faut pas avoir des réserves sur des questions très centrales pour les Tchadiens», a-t-il conclu.
Abderamane Moussa Amadaye