
Le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) a annoncé ce samedi, 20 septembre 2025 la publication du Memorandum sur l’Etat des institutions et de la Nation intitulé, «Tchad, État dealer et informel à gouvernance hasardeuse – prison à ciel ouvert», à l’hôtel Zenabel dans le 7e arrondissement de la cité capitale.
Lors de la présentation du Memorandum par le président de l’UDP et membre du GCAP Max Kemkoye, il a dénoncé que des citoyens enlevés, torturés et assassinés, des Journalistes harcelés, intimidés, menacés, interpellés, accusés, arrêtés et jugés, des médias mis en demeure à la pelle et suspendus, des officiers supérieurs dégradés, cassés au rang de soldat et radiés de l’effectif de l’Armée sans respect d’aucune procédure des acteurs politiques tués dont Yaya Dillo et d’autres enlevés et gardés en détention des mois
durant et des acteurs activistes et citoyens engagés pour la lutte contre l’injustice, la mal gouvernance
et pour la promotion des libertés, les droits de l’homme et la démocratie déchus.
Le GCAP relève que la Présidence de la République est devenue maison à rumeur et à délation, temple des fans 24 heures sur 24 de Tik-Tok et Facebook avec une production médiocre. «c’est une présidence incarnée par un pouvoir qui a porté un coup de massue
dans le mur porteur de la maison en désossant la République», dit-il. Quant au Gouvernement, depuis 2021, le groupe indique que le Tchad est dirigé successivement par des gouvernements qui manquent de relief. Sinon, en quatre ans, quatre Premiers ministres pour rien. Le Premier ministre et l’ensemble des membres du gouvernement n’ont d’initiative et d’actions que de «maréchal ceci, maréchal cela» et de son programme politique comme programme de gouvernement, projet de société et vision pour le Tchad souligne le GCAP.
Du point de vue du mécanisme institutionnel de production des lois dont le parlement
l’Assemblée nationale et Sénat, les partis membres du GCAP déclarent, «l’on assiste à l’assassinat de la démocratie parlementaire avec des votes des projets de loi en l’état, sans débat parlementaire». Par rapport à la justice et l’état de Droit, le Groupe indique qu’avec le règne de M. Mahamat Idriss Deby Itno, la Justice tchadienne est devenue une
justice édentée et borgne devant laquelle, le célèbre symbole mythique de l’équité est
définitivement incliné où les droits des citoyens ne sont plus protégés. «Et le pauvre, même s’il
a raison sur toute la ligne doit avoir tort où l’on ne cherche plus à rendre justice aux citoyens
tchadiens, mais l’on cherche les gros clients avec les grosses affaires qui paient bien et cash
pour tordre le coup au verdict. C’est ainsi que des milliers de justiciables croupissent à la
Maison d’arrêt des mois et des années durant sans que leur dossier ne soit enrôlé et délibéré», ajoutant, qu’«ils sont entassés dans des prisons insalubres, mal soignés et mal nourris».
Sur le plan administratif et sécuritaire, le GCAP poursuit que cette décentralisation n’est rien
d’autre qu’un calcul politicien de ce régime militaire qui consiste à placer ses obligés en guise
de remerciement pour services rendus en matière de «fraude électorale». En ce qui concerne la sécurité des personnes et des biens, la menace systémique demeure l’insécurité qui vole en escadrille. Mais, chaque jour, «si l’on n’enlève pas, on torture, on viole, on tue ou l’on emprisonne impunément au point où la vie d’un tchadien a moins de valeur que celle d’un oiseau», a martelé le Groupe.
Selon GCAP, le Tchad est devenu un pays troué de partout par les détournements qui se font en milliards de francs CFA et millions de dollars américains, mais tolérés et excusés par celui qui se trouve à la tête de l’État. Il poursuit, «entre 2021 et 2025, la Banque mondiale a soutenu le Tchad avec des financements et des dons suivant une enveloppe qui dépasse 700 milliards de francs CFA. Et le FMI, plus de 300 milliards. Malgré ces enveloppes denses, le pays fait face à une forte augmentation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire aggravée avec une insuffisance accrue des infrastructures vitales dont l’eau, l’assainissement et l’énergie», a-t-il déploré. Pour le groupe, les inégalités et l’injustice, ont atteint un niveau vertigineux à tel point que les populations sont vouées à la damnation de l’injustice et des inégalités structurelles et systémiques enlevant tous les mécanismes démocratiques. «Les inégalités amplifiées par l’injustice consacrent la rupture de l’égalité républicaine où s’est installée une suprématie ethnico-communautaire tacite avec des citoyens qui se voient au-dessus des autres et de la loi malgré que l’on soit dans une République avec des lois et des institutions censées les faire appliquer et respecter», a-t-il laissé entendre.
Face à ces maux cités, le GCAP a proposé quelques solutions, parmi lesquelles une assise républicaine dont un Dialogue structurel sur la base d’un nouveau consensus républicain autorisant un débat ordonné sur le fonctionnement institutionnel et les priorités nationales relatives à l’amélioration des conditions de vie des populations et le renforcement de l’État de droit et de la gouvernance. «les Tchadiens qui constituent la majorité démocratique doivent cesser d’être
une minorité politique pour laisser s’installer librement la dictature et la destruction du Tchad
en exigeant plus amplement la mise en place de ce nouveau consensus républicain» passant par la réformation de toutes les ordonnances prises en période de transition, la normalisation des institutions par des lois constitutionnelles, la réforme de l’armée et des institutions en charge de la sécurité et l’ouverture d’une solution globale de pacification d’ensemble du territoire national
tant aux frontières qu’à l’intérieur du Tchad et de la réconciliation nationale sincère, inclusive, active et pérenne.
Noël Adoum