Au quartier Mandjaffa dans le 7e arrondissement de la commune municipale de N’Djamena, plusieurs jeunes se tournent vers les carrières pour ramasser du sable dans les pirogues et remplir les gros portiers, une activité qui, bien que lucrative, soulève des préoccupations majeures sur la sécurité de ces employés. L’équipe de Flashtchad.com était sur place pour faire le constat. Reportage.

Face au chômage cuisant et chronique ainsi que des opportunités d’emploi limitées dans la cité capitale, de nombreux jeunes se tournent vers les carrières de sable. Cette activité malgré les risques, leur permet de gagner un revenu immédiat, souvent essentiel pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Dans un milieu complexe, ramasser du sable dans les eaux du fleuve chari et logone devient une alternative viable, voire nécessaire. Arrivé sur place, l’on constate la présence de centaines de jeunes, armées de pelles, des rames et d’autres matériels de travail. Les uns traversent les eaux environ 50 à 60m pour aller ramener du sable dans des pirogues, les autres quant à eux s’occupent de charger les gros porteurs communément appelés Benz. Le travail dans les carrières est souvent éprouvant et dangereux. Les jeunes travailleurs dont des élèves, étudiants, diplômés sans emplois passent de longues heures sous un soleil brûlant et parfois sous une pluie battante, exposés à des conditions de travail peu sécurisées.

Mbaïgolmem Nestor, ancien clandomen âgé de 29 ans livre son témoignage «après le vol de ma moto, je travaille dans la carrière depuis deux ans. C’est dur, mais je n’ai pas d’autre choix. Je rêve d’avoir un emploi stable un jour dans ce pays», a-t-il déclaré. Ce n’est pas le cas chez Youssouf Douna Moullah, âgé de 26 ans affirmant que, «travailler dans le sable m’a permis de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Puisque je suis habitué, je dois continuer à travailler encore et encore à la sueur de mon front pour m’occuper de ma famille».

Ngar Torah Bernard, leader des jeunes travailleurs du sable et père de 11 enfants témoigne qu’il a commencé avec le métier du sable depuis 2007. «Mes enfants ont fini leur parcours académique jusqu’aux études supérieures grâce à ce noble métier, il y a aussi la prise en charge de toute ma famille». Il relève qu’ils sont près de 1000 personnes composées de différentes catégories notamment des élèves, étudiants, diplômés sans emplois et bien d’autres. «Si nous travaillons ici, parce qu’il n’y a pas d’autre choix. Nous ramassons du sable sous l’eau pour le mettre dans les pirogues afin de le charger dans des gros portiers Benz. Nous chargeons un gros portier du sable à 3000 FCFA, l’Etat prelève 5000 FCFA et ceux qui chargent prennent 5000 FCFA. Nous faisons face aux risques notamment la présence des hippopotames qui nous menacent souvent dans le fleuve», a-t-il déclaré.

Les travaux du sable représentent un moyen de subsistance pour de nombreux jeunes, mais ils soulèvent également des questions cruciales sur la durabilité et la sécurité.

Noël Adoum

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