Le message de Noël 2024 de la conférence des évêques du Tchad, publié en ce mois de décembre est placé sous le thème, « le respect de la dignité humaine pour un Tchad de fraternité, de justice et de paix ». Ce message touche le caractère central de la dignité humaine. Reportage.
Pour les évêques du Tchad, la dignité humaine se fonde sur le fait que l’Homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26-27). Ils relèvent que, « la dignité humaine suppose que l’être humain ne soit pas traité comme un objet, ni un moyen, mais qu’il soit toujours reconnu comme une personne. Chaque personne, sans distinction, a quelque chose de divin en elle-même. Elle mérite d’être reconnue et respectée ». Car Dieu ne fait pas de différence entre les personnes qui sont ses créatures (Ac 10, 34-35).
Les évêques constatent les atteintes à la dignité humaine dont la Bible souligne le commandement de l’amour du prochain sans aucune discrimination. « Dieu lui-même met en garde contre tout ce qui porterait atteinte à la vie humaine ». Les évêques déclarent, « la vie humaine est sacrée. Elle appartient à Dieu, maître de la vie et de la mort. Ôter la vie à un être humain, de quelque manière que ce soit, est un crime. Et pourtant, le fait de supprimer la vie d’un être humain est très fréquent dans notre pays ». Les massacres des personnes continuent sous le regard silencieux et complice de certaines autorités. « On dirait qu’au Tchad, tuer est devenu banal et permis pour certaines personnes. Comment comprendre autrement les conflits meurtriers », ont-ils ajouté.
Selon eux, la violation de certains droits humains porte atteinte à la dignité de la vie humaine, tout en soulignant le droit à une alimentation suffisante et au moyen de se la procurer, le droit à la santé qui couvre la possibilité d’accès à l’eau potable et aux soins appropriés, au travail digne pour tous et à une éducation de qualité, à la liberté et à la sécurité des personnes et des biens. Les évêques attirent l’attention sur la pauvreté grandissante, le fléau de la consommation abusive de l’alcool en milieu jeune, l’exode rural, l’exploitation de personnes, le travail forcé, le trafic des êtres humains, la prostitution, etc.
Les évêques constatent que les menaces, les intimidations, les violences, les mensonges et les fausses promesses sont la règle en politique. Car, ces pratiques visent à amener les gens à développer le sentiment d’abandon, à perdre confiance en eux-mêmes et en tous, à ne plus croire en rien et à être manipulables à volonté. Ils déplorent l’augmentation exorbitante du prix des produits de première nécessité et spéculations sur le prix du carburant.
Les évêques rappellent aux opposants que la course au pouvoir ne doit pas se faire au détriment des valeurs telles que la vérité, l’honnêteté, l’égalité, la justice, la liberté et la paix et aux gouvernants de veiller au respect des droits humains et des libertés fondamentales contenus dans la Constitution de la République. « Soyez les garants du respect de la vie de la personne dans sa dignité et assumez votre rôle avec responsabilité et conscience afin de promouvoir l’épanouissement des concitoyens et l’accès au bien commun pour tous », ont-ils conclu.
Noël Adoum