Le 23 mai prochain, le Tchad inaugurera son tout premier stade moderne, fruit de la coopération avec la Chine. Situé au quartier Mandjafa dans le 7e arrondissement de N’Djamena, ce complexe flambant neuf portera désormais le nom du Maréchal Idriss Deby Itno. Une décision présidentielle qui suscite à la fois admiration et vive critique au sein de l’opinion publique.

Initialement baptisé « Stade du 8 août » en mémoire du lancement des travaux en 2019 par feu le Maréchal lui-même, le stade de Mandjafa devient aujourd’hui un symbole à double lecture. Pour les autorités, il s’agit d’un hommage à l’homme d’État qui a dirigé le pays pendant 3 décennies et lancé ce projet ambitieux. Pour d’autres, il s’agit d’une récupération politique de l’histoire au profit d’un clan au pouvoir.

Les critiques ne se sont pas fait attendre. « Ces filous politiciens du MPS pensent que l’histoire du Tchad commence en 1990 », s’indigne Evariste Gebnon. Le journaliste Eric Topona, lui, appelle à une reconnaissance plus équitable de l’histoire. « À quand l’immortalisation du père de l’indépendance, Ngarta Tombalbaye ? »

D’autres estiment que le stade aurait dû porter le nom d’une figure emblématique du football tchadien. « Le Stade de Mandjafa doit être nommé Stade Japhet Ndoram de N’Djamena. Lui au moins il a représenté dignement le Tchad sur le gazon vert », plaide l’enseignant Darade. P. Un avis partagé par Issa Ahmat. « Deby mérite beaucoup le respect. Il a fait son temps. Mais honnêtement cet stade doit porter plutôt le nom d’une sportive de haut niveau. J’aurai aimé qu’on encourage l’athlète tchadienne, Kaltouma Nadjina».

D’autres comme Hakim Sagour soutient, lui, la décision présidentielle. « C’est Idriss Deby qui a posé la première pierre de construction de ce joyau architectural. Il mérite amplement d’être honoré », a-t-il justifié sa position.

Au-delà de la polémique sur le nom, cette infrastructure de 50 milliards de FCFA, construite sur 16 hectares, marque une avancée majeure pour le sport tchadien. Mais pour nombre d’observateurs, la sincérité du gouvernement envers la jeunesse et le football reste encore à prouver.

Abderamane Moussa Amadaye

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