À l’occasion du deuxième anniversaire de la répression sanglante du 20 octobre 2022, au cours de laquelle plus d’une centaine de manifestants ont été tués, l’opposant Succès Masra a tenu un discours hier 20 octobre 2024 à la cité des martyrs de Gassi dans le 7e arrondissement de N’Djamena pour dénoncer vigoureusement l’influence étrangère et la fraude électorale au Tchad. Au cœur de ses propos, Masra a mis l’accent sur le rôle de la France et de plusieurs services de renseignement internationaux dans le maintien du régime en place, au mépris de la volonté populaire.
Dans son intervention, Masra a évoqué les révélations d’un colonel français, Jean-Pierre Augé, ancien conseiller spécial à la sécurité auprès du défunt président Idriss Deby. « En 1996, les résultats des élections ont été fabriqués avec la bénédiction successive des présidents français », a-t-il déclaré, soulignant la gravité de la manipulation électorale qu’il qualifie de « crime impardonnable contre le choix du peuple ».
L’opposant a aussi dénoncé le double jeu des puissances étrangères présentes au Tchad, notamment la DGSE française, la CIA américaine et le Mossad israélien. « Le changement ne peut se résumer à des élections de façade imposées par ces forces extérieures », a-t-il martelé, critiquant les interférences étrangères qui continuent de peser lourdement sur la politique tchadienne.
L’ex premier ministre a également établi un parallèle entre les fraudes électorales de 1996 et celles de 2024, expliquant que cette année-là, les résultats avaient été truqués pour simuler un second tour, tandis qu’en 2024, les résultats ont été « purement fabriqués » afin d’éviter tout risque de second tour. « Ils n’ont même plus pris la peine de masquer leurs intentions », a-t-il souligné.
Masra a également critiqué l’hypocrisie des partenaires internationaux, qui exigent ailleurs, comme au Venezuela, la publication rapide des résultats électoraux, mais restent silencieux face aux irrégularités au Tchad. « Pourquoi ce silence complice ici ? » a-t-il interrogé, dénonçant un traitement à deux vitesses.
L’opposant a laissé entendre dans son discours les pratiques du régime en place, qu’il accuse d’utiliser la religion et des pèlerinages de façade pour légitimer leur pouvoir. « Le peuple nous demande de sortir de cette mascarade. Il est temps de mettre fin aux faux-semblants et aux fraudes », a-t-il insisté.
Succès Masra a également prévenu que participer à de nouvelles élections sans réformes significatives reviendrait à manquer une occasion unique de changement. « Comment peut-on fermer les yeux et se boucher le nez pour aller à de nouvelles élections sans un minimum de confiance ? » a-t-il lancé, appelant à une rupture avec le statu quo et à l’instauration d’une véritable démocratie.
Abderamane Moussa Amadaye
Le malheur des Tchadiens c’est d’appartenir à un pays sous domination totale française. Toute alternance pacifique est devenue impossible. Il appartient à Masra de tirer les leçons