Suite à l’échec au premier tour du candidat tchadien Abbas Mahamat Tolli à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD), les opposants tchadiens expriment des vives critiques envers la diplomatie sur la scène internationale.

Ce 30 mai, lors de l’assemblée annuelle de la BAD, les pays membres ont élu un nouveau président Sidi Ould Tah à la tête de l’institution. La candidature d’Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), a été perçue comme un enjeu crucial pour le développement du Tchad et la coopération économique en Afrique. Cependant, sa défaite face à ses concurrents a mis en lumière les lacunes de la stratégie diplomatique tchadienne.

Des opposants politiques critiquent ouvertement le gouvernement tchadien pour son incapacité à mobiliser les soutiens nécessaires pour faire élire les tchadiens dans des organisations internationales. «Avec trois éliminations au niveau continental en trois ans, (Pr Ali Souleymane Dabye (Cames); Adoum Younousmi (Asecna); Abbas Mahamat Tolli (BAD), notre diplomatie ne pèse plus. Dommage», s’étonne le Pr Avocksouma Djona Atchénemou, président du parti Les Démocrates.

Les critiques ne s’arrêtent pas là. D’autres voix s’élèvent pour repenser fondamentalement la politique étrangère tchadienne qui a perdu la pédale. Sous l’effet d’une analyse critique, l’opposant et président de l’Union pour le Développement et le Progrès (UDP/GCAP) Max Kemkoye estime que c’est une question de diplomatie d’influence que le régime actuel est loin d’en faire une quelconque preuve. «Il aura passé 50 ans au pouvoir mais aucun tchadien n’aura à accéder à des fonctions électives régionales ou internationales», dit-il. Rendant hommage au candidat déchu Abbas Mahamat Tolli, Max Kemkoye souligne que si ce dernier a connu l’échec, «c’est juste à cause de la gouvernance calamiteuse et de la diplomatie de la canonnière et sans cap actuelle du Tchad (…) Cependant être le dernier avec un score de 0,52% doit interroger ceux qui sont au pouvoir», a-t-il martelé.

Le Coordinateur de la coalition des actions citoyennes Wakit Tamma section politiques Zakaria Adam Zakaria pointe du doigt une gouvernance auto référentielle et une diplomatie sans cap, incapables de défendre les intérêts du pays dans les instances internationales, soulignant le manque de soutien régional et les controverses entourant la gestion de M. Tolli à la BEAC, entachée par des accusations de népotisme et de favoritisme.

Prenant acte et sérénité des résultats, l’ancien gouverneur de la BEAC a salué « un chapitre essentiel de son engagement au service de l’Afrique » au terme d’une campagne qu’il qualifie de « riche en enseignements, marquée par des rencontres inspirantes et une écoute approfondie des aspirations des peuples africains », tout en réaffirmant son attachement aux idéaux panafricains et appelé à une BAD plus proche des réalités du continent.

Notons que la performance d’Abbas Mahamat Tolli, bien que saluée par certains comme une belle représentation du Tchad, a été jugée insuffisante pour convaincre la communauté internationale. Les autorités tchadiennes doivent prendre la diplomatie à bras le corps pour ne pas perdre davantage sa crédibilité sur la scène internationale.

En trois ans de candidature dans des instances régionales et internationales notamment au CAMES, ASECNA, BAD, le Tchad a connu des échecs lamentablement cuissants sur les trois organisations internationales.

Noël Adoum

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