
Par un point de presse animé mardi dernier, le Ministre de l’environnement, Hassan Bakhit Djamous, a annoncé l’interdiction de coupe abusive des arbres, la production du charbon des bois et toute commercialisation de ces derniers. Un délai de deux semaines a été accordé à ceux qui sont en province et une semaine à ceux de la capitale sous peine d’une sanction. Cette sortie a suscité l’indignation des uns et des autres. Reportage.
Le ministre de l’environnement de la pêche et du développement durable Hassan Bakhit Djamous après avoir rappelé la menace désertique qui s’accroît de plus en plus vers le centre, le gouvernement tchadien a appelé à protéger l’environnement, notamment l’interdiction de la coupe du bois et la carbonisation mais «ces derniers temps que ce phénomène que de coupe abusive de bois vert refait surface soit par la production et vente du charbon de bois et le bois de chauffe. Cela constitue une menace sérieuse pour notre environnement», dit-il. le ministère invite la population à s’accommoder aux énergies de substitution, qui sont largement suffisantes et subventionnées par le gouvernement, notamment le butane-gaz.
48 heures après la sortie du ministre de l’environnement, le Député représentant la circonscription de la Tandjilé Ouest Amollah Toua Robert Golbey relève que cette mesure, bien que motivée par une intention louable de protéger l’environnement, semble malheureusement déconnectée de la réalité socio-économique que vivent la majorité des tchadiens, ajoutant que pour beaucoup de familles, le bois de chauffe représente non seulement une source d’énergie accessible, mais également un moyen de survie quotidien. L’interdiction d’utiliser le bois de chauffe sans proposer d’alternatives viables risque d’aggraver davantage la situation des ménages déjà vulnérable. Les solutions énergétiques alternatives, telles que les systèmes de cuisson à gaz ou électriques, restent souvent hors de portée pour une grande partie de la population en raison de leur coût élevé ou de l’absence d’infrastructures adéquates. Il invite le ministre en charge de l’environnement à engager un dialogue constructif avec les communautés locales et les acteurs concernés.
Pour le Géographe-Environnementaliste Mahamat Oumar Himedane, cette décision est salutaire pour le bien-être de la protection de l’environnement mais les réalités sur le terrain en disent autre chose. Car il y aura des impacts sur la vie de la population lambda qui utilise les bois rien que pour sa faim. Il déclare, «les mesures prises compromettent la vie quotidienne des populations», parce qu’il faut prévenir un accompagnement de la population avant de prendre une telle décision. car les gaz sont chers à Ndjamena et en province. S’appuyant sur la sourate Yâ-Sĩn verset 80, «c’est lui qui, de l’arbre vert, a fait pour vous du feu, et voilà que de cela vous allumez», M. Himedane souligne que, les arbres morts peuvent être utilisables car «on ne peut pas se réveiller un bon matin et prendre une décision qui n’avantage pas le peuple», dit-il.
Il demande au ministre de revoir sa décision ainsi que le délai attribué puisqu’en province «les gaz sont insuffisants parce qu’il n’y a pas de stock, a cela s’ajoute la difficulté de ses chargements». L’environnementaliste s’interroge, où en est-on avec l’entretien de la ceinture verte lancée par le feu président Idriss Deby? Elle a été laissée sans suite pourtant on devrait bien les aménager, dit-il. Il estime cette sortie du ministre dont les conséquences retombent sur la population, «parce qu’il est dans sa villa et sa voiture climatisée, ignorant la réalité de la population qui ne veut que manger à sa faim».
M’ Himedane n’exclut pas la décision du ministre et demande à l’Etat d’investir tout en mettant les gardes fous pour surveiller la forêt pourquoi n’y est pas de coupes abusives des arbres. «Interdire c’est bien mais prendre des précautions adéquates est mieux», a-t-il laissé entendre.
Noël Adoum