
Alors que le Président Mahamat Idriss Deby Itno appelle à la mise en place d’un nouveau cadre de dialogue politique après la dissolution du CNCP, le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) dénonce une manœuvre politique aux allures de piège institutionnel.
Réunis au Palais Toumaï le 5 mai dernier, près de 300 leaders politiques ont écouté le Chef de l’État vanter les mérites du Cadre National de Concertation des Partis Politiques (CNCP) dissous le 15 avril dernier, tout en annonçant une nouvelle instance de dialogue plus « adaptée à la nouvelle ère ». Si le discours présidentiel se veut rassembleur, saluant la responsabilité de la classe politique dans la réussite des 6 scrutins électoraux et le retour définitif à l’ordre constitutionnel, il ne convainc pas tout le monde.
En première ligne des sceptiques, le GCAP. Dans une déclaration, l’organisation qui regroupe une dizaine des partis d’opposition dénonce une opération de « consolidation de pouvoir » maquillée en dialogue politique. Selon son porte-parole Max Kemkoye, le régime cherche à se doter d’un outil de contrôle des voix discordantes, dans un contexte d’insécurité croissante, d’arrestations de journalistes et de violations des droits humains.
Le GCAP interroge, pourquoi convoquer la classe politique pour parler dialogue, mais jamais pour discuter de la sécurité, des conflits intercommunautaires ou des arrestations arbitraires ? Pour ses membres, le futur cadre ne serait qu’un simulacre, une coquille vide destinée à faire croire à une concertation nationale alors qu’il s’agira d’un organe biaisé, manipulé par une opposition infiltrée et une majorité taillée sur mesure.
Sous des airs de renouveau démocratique, c’est donc un retour aux pratiques de verrouillage politique qui se profile, selon le GCAP. Un dialogue sans confiance, sans débat réel, et sans opposition libre ne ferait que prolonger l’illusion de pluralisme, dans un pays où le pouvoir tient plus que jamais à un fil, a dénoncé le GCAP.
Abderamane Moussa Amadaye