Alors que les N’Djamenois ont les pieds dans les eaux des inondations, ils viennent d’apprendre récemment sur les réseaux sociaux et surtout avec avec une stupéfaction totale, l’arrêté du ministère de l’aménagement du territoire portant création d’une commission de réflexion d’une ville nouvelle. Cette décision, présentée comme une solution pour le développement urbain de la capitale tchadienne, semble pourtant bien déconnectée des réalités quotidiennes que vivent les citoyens. Derrière l’ambition affichée, il est légitime de se demander si cette ville nouvelle n’est pas une distraction supplémentaire, un écran de fumée destiné à détourner l’attention des véritables problèmes que traversent les tchadiens en cette dure période des inondations.
Les tchadiens s’en souviennent encore amèrement de « N’Djamena, vitrine d’Afrique ».
Il y a pratiquement 14 ans, nous avons été bercés par le doux rêve de « N’Djamena vitrine d’Afrique ». Ce projet, qui devait faire de notre capitale une référence continentale, a rapidement sombré dans l’oubli, incapable de répondre aux défis auxquels la ville est confrontée. Aujourd’hui, loin d’être une vitrine, N’Djamena est une ville noyée, submergée par les eaux chaque saison des pluies. Le fiasco de ce projet devrait pourtant servir de leçon. Pourquoi, alors, se lancer dans une nouvelle aventure urbaine sans avoir tiré les enseignements des échecs passés ? Il veulent continuer encore la tête baisée et foncée droit au mur.
Des priorités inversées
La souffrance des habitants de N’Djamena est visibles. Les infrastructures vétustes, les routes impraticables, et les habitations précaires témoignent d’une gestion défaillante des affaires publiques. Il suffit d’une seule pluie ou faire un tour dans les marchés de la capitale pour se rendre à l’évidence. Dans ce contexte, la décision de bâtir une nouvelle ville apparaît non seulement comme un gaspillage des ressources, mais aussi comme une insulte à ceux qui luttent quotidiennement pour survivre. Ne serait-il pas plus sage de concentrer les efforts et les fonds sur l’amélioration des conditions de vie dans les quartiers existants ? Non, ils veulent encore continuer la tête baisée tout en sachant que ce projet accouchera une souri.
Ce projet n’est-il pas une distraction politique ?
Cette nouvelle ville semble être davantage un outil de communication politique qu’un projet réellement destiné à améliorer la vie des citoyens. En période de crise, les gouvernements ont souvent recours à des projets grandioses pour détourner l’attention des problèmes réels. Ce projet de ville nouvelle s’inscrit dans cette logique : masquer les lacunes de la gestion actuelle en promettant une modernité lointaine et incertaine. Mais à qui profite vraiment cette décision ? Certainement pas à la majorité des citoyens, qui continueront de patauger dans les eaux boueuses de N’Djamena.
Une ville pour qui ?
La question centrale est celle de l’accessibilité. Qui aura réellement accès à cette ville nouvelle ? Sera-t-elle un havre pour une élite privilégiée, construite loin des regards, ou un véritable espace inclusif pour tous ? Le doute est permis. Connaissent bien ce pays et sa gestion presque exclusive, ceux qui auront accès à cette ville ne seront pas ces tchadiens de Walia, Dinguessou, Amtoukouin ou Hilé Houdjadj, non. Ça sera toujours cette élite qui a profité de ce pays pendant des nombreuses années et leurs acolytes.
Appel à la vigilance
Face à cette situation, il est crucial de ne pas se laisser distraire par des promesses creuses. La population doit rester vigilante et exiger des réponses concrètes aux problèmes d’inondations et d’aménagement. La priorité devrait être donnée à la résolution des problèmes existants, comme les inondations récurrentes et la dégradation des infrastructures, avant de se lancer dans des projets aussi ambitieux qu’incertains. Cette nouvelle ville, si elle voit le jour, risque de ne jamais devenir plus qu’une illusion, un mirage dans un désert de promesses non tenues. Car ce projet est un moyen de masquer l’inaction ou les échecs du gouvernement sur des questions plus urgentes. Ce projet pourrait donc être perçu comme une fausse solution, une distraction politique destinée à redorer l’image du gouvernement sans s’attaquer aux véritables défis auxquels la population est confrontée. La ville nouvelle n’est qu’une distraction et les tchadiens ne sont plus dupes. Il est temps que le gouvernement revoie ses priorités et place les besoins réels des citoyens au cœur de ses décisions.
Abderamane Moussa Amadaye