La dépigmentation de la peau, autrefois marginale, est devenue une tendance de plus en plus répandue au Tchad en général et dans la capitale tchadienne en particulier. A N’Djamena au moins 5/10 filles s’adonnent à cette pratique, motivée par des standards de beauté occidentaux, qui consiste à utiliser des produits chimiques pour éclaircir la peau. Cette quête de perfection esthétique comporte des risques majeurs pour la santé, relève Mahamat Moustapha Ahmat Ahidjo, infirmier dans une clinique de la place.
Les arguments avancés sur les raisons d’usages de ces produits éclaircissants par les utilisatrices rencontrés divergent. Aïcha Al-Issel, la vingtaine révolue, explique «j’ai commencé à me dépigmenter parce que dans mon entourage, avoir la peau claire est perçu comme un signe de beauté et de réussite. Un moyen facile d’avoir un époux sussi. Je me sentais obligée de le faire pour être acceptée», dit-elle. De même, Cynthia Remadji, 19 ans, confie «À l’école, on se moquait de ma peau foncée. J’ai voulu me dépigmenter pour éviter les moqueries et me sentir plus confiante», a-t-elle indiqué. Khadidja Nguetobaye, 30 ans, évoque un autre aspect, «pour trouver un emploi, j’avais l’impression qu’une peau plus claire augmenterait mes chances. C’est triste, mais c’est la réalité», a expliqué la raison qui l’a poussé à utiliser les produits éclaircissants.
Cependant, cette pratique n’est pas sans risques. Mahamat Moustapha Ahmat Ahidjo, infirmier dans une clinique de la place indique que les produits dépigmentants contiennent des substances nocives, comme l’hydroquinone ou les corticostéroïdes. «Leur utilisation prolongée peut entraîner des problèmes graves, comme des infections, des troubles hormonaux et même des cancers de la peau», dit-il.
Au-delà de l’impact sanitaire, l’usage des ces produits ont des impacts psychologiques a révélé l’infirmier. «Au-delà des risques physiques, la dépigmentation peut causer une détresse émotionnelle. Il est crucial de valoriser toutes les teintes de peau et de sensibiliser à ces dangers. »
M. Ahidjo estime que la dépigmentation demeure un phénomène complexe, mêlant pressions sociales et risques sanitaires. «Une sensibilisation accrue et un accompagnement médical sont essentiels pour protéger la santé et la valorisation de la peau noire africaine, la seule qui s’adapte à tous les climats du monde», a-t-il conclu.
Abderamane Moussa Amadaye