Suite à la hausse du prix du carburant à la pompe le 14 février dernier par le gouvernement, les protestations se multiplient. Les associations des droits humains ne sont pas du reste. L’Alliance Tchadienne Universelle pour la défense des Droits de l’Homme (ATUDDH) et la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) à travers des communiqués ont exprimé leur mécontentement et leur désaccord.
L’ATUDDH exprime sa colère et son indignation face à l’indifférence affichée par les autorités suite aux protestations relatives à la hausse des prix du gazole, essence et des chaos engendrés par les pénuries de carburant depuis quelques mois. Elle estime que cette augmentation soudaine et injustifiée du prix du carburant et par ricochet des produits de première nécessité à un impact encore plus dévastateur sur les familles les plus vulnérables. «Les personnes à faible revenu, les personnes âgées et les personnes vivant de maladie chronique sont les plus touchées par cette situation», dit-elle.
L’ATUDDH par la voix de son Secrétaire Général Cheikh Ben Saïd demande aux autorités compétentes de prendre des mesures immédiates et concrètes pour remédier à cette crise sans précédent et inédite pour un pays producteur de pétrole. «La colère grandit de jour en jour et risque de déboucher sur des mouvements de protestations générales et dont les conséquences seront incalculables» a indiqué l’Alliance. Elle invite, par ailleurs, le Ministère en charge des Transports à fournir plus d’efforts pour encadrer le comportement des agences de voyage, augmentant parfois les tarifs de façon disproportionnée, obligeant ainsi les citoyens à encore plus de dépenses face à un pouvoir d’achat trop faible. L’Alliance exprime sa totale déception face au mutisme du Chef du gouvernement et du Président de la transition dans ce qui est désormais vu comme les prémices d’un naufrage inéluctable de l’Etat. Car «les tchadiens sont patients, mais la patience a aussi ses limites».
La Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) quant à elle, relève que cette décision du gouvernement dans un contexte économique morose et où le citoyen lambda à de la peine à joindre les deux bouts est «cynique et ne peut en aucun cas se justifier dans un pays producteur». Elle poursuit, «pire le clou est enfoncé par les justificatifs de la primature dans ces propositions irréalistes au regard des expériences du passé et de la non maitrise des opérateurs économiques aussi victimes de cette situation». Aujourd’hui, cette décision s’est fait ressentir de façon automatique sur la vie des citoyens. Tout le tissu social en prend le coup et de façon irréparable. Car, ce non-respect flagrant des Droits socio-économiques est intolérable et ne saurait être accepté, a-t-elle laissé entendre.
La LTDH prend pour responsable le Gouvernement de ce qui adviendra et appelle les populations à tous les niveaux à s’organiser afin de refuser cette forfaiture. «La population tchadienne n’a pas besoin de la pitié pour vivre avec les mesures proposées par la primature. Elle a besoin de vivre digne avec ses propres moyens», a-t-elle conclu.
Noël Adoum