La démocratie au Tchad traverse une zone de turbulences depuis l’accession de Mahamat Idriss Deby Itno au pouvoir après la mort de son père. Après un bref souffle de liberté, la dernière manifestation autorisée a eu lieu le 14 mai 2024, contre la politique de la France au Tchad. Depuis, toute expression de l’opposition ou de la société civile non proche du pouvoir a été violemment réprimée, et le droit de manifester est devenu une illusion pour ne pas dire un cauchemar. La démocratie est en chute libre.

Le 20 octobre 2022, une manifestation appelant le président de transition à respecter ses engagements de 18 mois a viré au drame, la répression fut sanglante, plus de 100 morts. Yaya Dillo, président du parti socialiste sans frontières (PSF), opposant pacifique, a trouvé la mort lors d’un assaut militaire le 28 février 2024, son siège a été démoli à l’aide de bulldozer. Le scrutin présidentiel contesté du 6 mai n’a fait qu’aggraver la situation.

Les tchadiens vivent désormais la peur au ventre. Les libertés individuelles sont constamment violées. Journalistes, religieux, et opposants subissent des arrestations arbitraires. Badour, un journaliste de retour de mission de travail en Libye, et l’abbé Madou, qui dénonçait le découpage administratif, ont été arrêtés puis relâchés sous pression.

Le cas de Gam Robert, secrétaire général du parti socialiste sans frontières (PSF) qui a réclamé la libération de ses militants détenus à Koro-Toro a disparu des radars sans explication depuis une semaine. Silence radio du côté des autorités. Son parti parle d’enlèvement orchestré par les renseignements. Les conférences et débats sur des sujets cruciaux comme le découpage administratif ou le FCFA sont systématiquement interdits. Des agents de forces de l’ordre investissent les lieux pour empêcher les tchadiens de réfléchir et d’exprimer leur opinion.

Le Tchad glisse peu à peu à une dictature où liberté de penser et d’agir sont étouffées. Monsieur le Président, il est urgent de redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard.

Abderamane Moussa Amadaye.

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