Les jeunes du Guéra ont organisé, ce vendredi, 11 avril 2025, une conférence débat placée sous le thème, «Le patrimoine du Guéra : héritage oublié ou richesse à valoriser?» dans la salle du Centre de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC) de Mongo. Reportage.

Cette messe culturelle et intellectuelle a rassemblé plusieurs acteurs locaux notamment des étudiants, des cadres communaux et des passionnés de culture, de l’art et du tourisme. Le panel est composé de trois personnes parmi lesquels Abakar Nangtarlé, Adoum Casimir Adjbane, Fatouma Ramadan et un modérateur Habib Tidjani Ali. Lançant le coup d’envoi, le Maire de la commune de Mongo relève que ce thème résonne profondément avec les défis actuels de la région du Guera. «Trop souvent, notre patrimoine , qui il soit culturel, historique, linguistique ou naturel est laissé en marge, alors qu’il devrait être au cœur de notre identité et de notre développement», a-t-il déclaré.

Le Délégué du tourisme et de l’artisanat de la province du Guéra Abakar Nangtarle a donné l’historique de la Maison du Patrimoine Culturel du Tchad (MPCT) qui pour lui, est une institution technique chargée de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de conservation et de protection du patrimoine culturel tchadien. Pour lui, le Guéra accueille des touristes grâce à ses différents sites touristiques dont des centaines des touristes de différentes nationalités visitent la région par an.

Habib Tidjani Ali, géologue de son état a mis en lumière la nécessité de préserver non seulement les aspects matériels, tels que les sites historiques et les monuments, mais aussi les éléments immatériels qui façonnent la culture provinciale comme les traditions et les coutumes locales. Répondant à la question sur l’exploitation des sites archéologiques par les géologues, souvent en quête de ressources telles que l’or et le diamant, le modérateur explique, «bien que le sol puisse être un site touristique, il n’est pas question d’exploiter tous les sols. Lorsqu’une exploitation est envisagée, nous devons évaluer son impact. Si nous découvrons un site archéologique ou touristique, nous recommandons la  conservation de cette zone en tant que réserve, conformément à la législation».

Le conférencier Adoum Casimir Adjbane a insisté sur le rôle essentiel dans l’identité des habitants de la région tout en distinguant deux catégories de patrimoine à savoir, le patrimoine Matériel ( les montagnes, les villages traditionnels, l’architecture locale, le mode de vie traditionnel etc), le patrimoine immatériel (les traditions, les coutumes locales, la musique, l’artisanat, les fêtes et festivals…). «Cette richesse patrimoniale fait du Guéra une région attrayante pour les visiteurs en quête d’authenticité», dit le conférencier.

Quant à Mme Fatouma Ramadan Ali, elle a mis sur la diversité linguistique comme un élément clé de l’identité culturelle, affirmant que, «la tradition orale, à travers les contes, devinettes, épopées et légendes est transmise de génération en génération, véhicule des valeurs culturelles et des leçons de vie. Ces exemples témoignent de la richesse et de l’authenticité de notre patrimoine», a-t-elle laissé entendre.

Dans la foulée le Professeur Mackaye Hassan Taïsso a identifié plusieurs causes de l’oubli du patrimoine provincial parmi lesquelles figure le manque de sensibilisation auprès des jeunes et des autorités locales, la dégradation physique et négligence des sites historiques, l’émigration entraînant la perte des savoirs traditionnels, le dépaysement et déracinement des communautés cas des jeunes. Il poursuit, le patrimoine peut être une source significative de richesse qui peut générer d’importantes retombées économiques pour la région, a-t-il conclu.

Idriss Mamadou Brahim, Mongo-Flashtchad.com

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