À l’instar du reste du monde, le Tchad a célébré ce 18 décembre 2024 la Journée mondiale de la langue arabe. À cette occasion, plusieurs citoyens ont partagé leurs réflexions sur l’importance de cette langue pour le pays.
Pour le Dr Hissein Massar, la langue arabe revêt une importance capitale dans le contexte tchadien. « Cette langue, parlée par près de 80 % de la population tchadienne, dépasse le cadre religieux ou colonial. Elle constitue un vecteur de communication essentiel dans les marchés, les rues et tous les espaces publics du pays. » Il rappelle également que l’arabe était déjà utilisé bien avant la colonisation française. « Dans les anciens royaumes du Tchad, comme le Ouaddaï, le Baguirimi et le Kanem-Bornou, l’arabe servait de langue diplomatique et administrative. Les sultans l’utilisaient pour la rédaction de leurs correspondances officielles, contribuant ainsi à inscrire l’histoire de notre pays dans les archives mondiales. »
Dr Massar se montre optimiste quant à l’avenir de cette langue au Tchad. « Aujourd’hui, dans un contexte où le Tchad revendique son émancipation face au néocolonialisme, il est impératif de renforcer l’usage de l’arabe comme langue nationale et de lui accorder la place qu’elle mérite dans notre système éducatif et dans nos institutions. »
Saloussa Mahamat Ali, étudiante en sciences sociales, insiste sur la nécessité de se réapproprier la langue arabe sans céder aux amalgames. « L’arabe ne doit pas être associé exclusivement à la religion musulmane. Aucune langue n’appartient à une foi ou une confession. Elle est un outil de communication et un héritage culturel qui transcende les croyances religieuses. » Elle appelle les Tchadiens, toutes confessions confondues, à se rassembler autour de cette langue.
Enfin, Saleh Mahamat Moustapha, journaliste, considère que la langue arabe est un pont entre les générations. « Elle a permis de transmettre nos traditions, nos récits et notre identité. Sa préservation est un devoir collectif pour garantir la pérennité de notre histoire et de notre culture. »
Abdermane Moussa Amadaye