Une attaque terroriste à Barkaram, dans la province du Lac a coûté la vie à une quarantaine de soldats le 27 octobre dernier. En réaction, le président Mahamat Idriss Déby Itno s’est rendu sur le lieu de l’attaque et a lancé l’opération « Haskanite » pour combattre ce groupe terroriste opérant dans cet espace. Il a décidé de camper sur le terrain avec les troupes, promettant de repliquer avec vigueur. Ce choix n’est pas partagé et critiqué par professeur Ahmat Mahamat Hassan, analyste politique et ancien Ministre de la Justice tchadienne.
Pour le professeur Ahmat Mahamat Hassan, cette posture est inhabituelle. « En tant que chef suprême des armées, il a le devoir de soutenir les forces de défense, mais le front n’est pas sa place. L’armée tchadienne, reconnue pour sa bravoure, est là pour mener ces combats. Le président doit se concentrer sur la gouvernance du pays », dit-il.
Bien que Mahamat Idriss Déby Itno soit un militaire de formation, sa présence prolongée sur le terrain pourrait brouiller les lignes entre ses fonctions militaires et politiques, a estimé l’ancien Ministre. « Ce n’est pas une question de courage, mais d’efficacité institutionnelle. Le chef de l’État doit diriger depuis la capitale, particulièrement avec l’approche des élections législatives et locales », explique Professeur Ahmat Mahamat Hassan.
Pour l’analyste, « la sécurité est parfois utilisée comme un prétexte pour couvrir des failles dans la gouvernance ou pour renforcer le contrôle d’un régime », a-t-il laissé entendre.
L’ancien ministre estimé que le retour du président à N’Djamena est crucial. « Les institutions doivent fonctionner sous une coordination efficace. Même avec un gouvernement en place, le président reste le garant de la stabilité du pays », a-t-il expliqué.
Abderamane Moussa Amadaye