
Depuis l’interdiction de la chicha et la fermeture des salons spécialisés à N’Djamena, une nouvelle tendance s’impose : la cigarette électronique, appelée aussi puff ou vape. Plus discrète, moins coûteuse et facilement transportable, elle attire de nombreux jeunes de la capitale. Reportage.
Dans certains carrefours des jeunes de N’Djamena, comme dans les restaurants dotés de petits espaces verts, la scène est devenue familière. De plus en plus de jeunes exhibent leur cigarette électronique, discrète et transportable. En forme de stylo, ils la portent à la bouche comme une cigarette classique et en recrachent une épaisse fumée blanche, parfois en grande quantité. « C’est insupportable de ne pas fumer la chicha. On est obligé de faire recours à la cigarette électronique qui est d’ailleurs moins coûteuse, transportable dans la poche et rechargeable », glisse Mahamat. A, 26 ans, habitué des salons désormais fermés.
Pour Fatimé. M, 23 ans, l’attrait est surtout lié à la discrétion, « Avec la chicha, il fallait trouver un salon et se cacher des parents. Avec le puff, je peux vapoter à la maison ou avec des ami.e.s sans attirer l’attention », confie-t-elle en toute discrétion.
Ibrahim, lui aussi jeune chauffeur de camion, y voit un effet de mode, « Les goûts fruités et sucrés attirent. On a l’impression que ce n’est pas dangereux, mais en réalité, on ne sait pas grand-chose. »
Pourtant, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme. « Le puff n’est pas une alternative saine à la chicha. Ces dispositifs contiennent de la nicotine et d’autres produits chimiques responsables de dépendance, d’irritations pulmonaires et de risques cardiovasculaires », confie Mahamat Moustapha Ahidjo, médecin généraliste.
Un avis partagé à l’international. En France, le pneumologue Bertrand Dautzenberg invité dans un plateau de télévision française souligne que « la puff n’est pas un produit anodin. Elle est conçue pour plaire aux adolescents, mais entretient l’addiction à la nicotine ». De son côté, le Pr Yves Martinet rappelle que « ces cigarettes électroniques donnent l’illusion d’être inoffensives, alors qu’elles exposent à des substances toxiques ».
Au Sénégal, Dr Abdoulaye Diop interviewé par des médias locaux sénégalais déplore « l’explosion du phénomène chez les mineurs » et appelle à agir rapidement pour éviter « une nouvelle génération dépendante ».
Ainsi, si l’interdiction de la chicha visait à protéger la jeunesse, elle semble avoir ouvert la voie à une autre pratique, moins voyante mais tout aussi préoccupante pour la santé publique.
Abderamane Moussa Amadaye