Les médias privés tchadiens ont observé un silence radio, hier lundi 23 décembre 2024. Une action d’envergure, initiée par la plateforme des  organisations professionnelles des médias du Tchad regroupant 6 organisations faîtières. Cette plateforme dénonce une décision de la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) et le manque de soutien de l’État dans la couverture de la campagne électorale en cours.

Réunis le 20 décembre à la Maison des Médias du Tchad, les responsables des principales organisations professionnelles des médias privés ont acté deux mesures pour marquer leur mécontentement face à la décision controversée 055/HAMA/2024. Cette dernière, qualifiée d’arbitraire, « frappe l’ensemble des organes de presse sans exception, compromettant leur rôle dans la couverture des élections législatives, provinciales et communales prévues pour le 29 décembre 2024 ».

Lundi, une grande partie des radios ont éteint leurs micros, les journaux ont suspendu leurs publications, et les médias en ligne sont restées muettes. « Cette journée sans presse a été largement observée » a indiqué Juda Allahondoum, président du Patronat de la Presse Tchadienne (PPT). « La journée a été un succès éclatant », a-t-il déclaré, en marge de la seconde opération de restitution des gilets et badges destinés à la couverture médiatique.

La restitution des équipements, organisée ce mardi 24 décembre 2024 à la Maison des Médias, a marqué le point culminant de cette protestation. Ces gilets et badges, censés identifier les journalistes sur le terrain, ont été rassemblés et seront restitués  à la HAMA pour exprimer le rejet catégorique de ses décisions jugées « déloyales et pénalisantes ».

De leur côté, les citoyens ont été les premiers à constater l’impact de cette mobilisation. « C’était très étrange de ne pas entendre les émissions habituelles à la radio ce matin. Cela montre à quel point la presse est essentielle dans notre quotidien », confie Mahamat Idriss, auditeur fidèle de la Radio Dja FM.

Christelle Konodji, étudiante et lectrice régulière des journaux en ligne, a réagit sur cette journée sans presse. « Je consulte souvent les journaux en ligne pour m’informer sur la politique et l’actualité nationale. Ce silence m’a rappelé que sans la presse, nous sommes dans l’obscurité. Les médias internationaux ne sont pas assez fiables et souvent ne relatent pas fidèlement l’actualité nationale », dit-elle. Pour Khalla Djidda, chauffeur de taxi, souligne quant à lui la portée du message, « si les journalistes arrêtent de parler, c’est que la situation est grave. J’espère que les autorités vont les écouter, car ils parlent aussi pour nous », a-t-il laissé entendre.

Notons que 6 organisations faîtières sont signataires du communique ayant conduit à cette journée sans presse. Il s’agit de, l’union des radios privées du Tchad (URPT), de l’association des Editeurs de la Presse Privée du Tchad (AEPT), du patronat de la Presse Tchadienne (PPT), de la dynamique des Responsables des Médias Privés du Tchad (DYNAREMET), de l’union des Journaux Arabophones Indépendants (UJAI) et de la convention des Entrepreneurs de la Presse Privée du Tchad (CEPPT).

Abderamane Moussa Amadaye

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