Depuis la fin du mois de Ramadan passé, de nombreux jeunes issus de milieux défavorisés se sont lancés dans le métier de porteur de motos sur le terre-plein central de l’avenue d’Istanbul, en face du parc d’Abéché, communément appelé « Mawgaf Abéché ». Cette activité, bien que très dangereuse, s’avère rentable et permet à ces jeunes de subvenir à leurs besoins.
Le terre-plein central qui divise l’avenue d’Istanbul en deux voies distinctes (aller-retour) est devenu une source de revenu pour ceux âgés entre 17 et 30 ans qui soulèvent les motos des passants souhaitant traverser sans utiliser le rond-point de Dembé, moyennant un tarif de 250 FCFA par moto.
Mahamat Ali, la quinzaine révolue, témoigne de la rentabilité de cette activité. « Grâce à cela, je parviens à subvenir à mes besoins et à soutenir ma famille, dont je suis l’aîné et le seul responsable depuis le départ inexpliqué de mon père », affirme-t-il. Il précise tirer au moins 10 000 FCFA de bénéfice par jour, tout en étant conscient des risques encourus. « Ce métier comporte des dangers, surtout ici devant le parc d’Abéché. Les bus et les poids lourds y passent régulièrement, mais nous sommes vigilants pour minimiser les risques », explique-t-il.
Un autre participant, préférant garder l’anonymat, déclare, « notre métier comporte des risques, mais c’est préférable à d’autres activités moins rentables, voire illégales ». Il note une baisse récente des bénéfices, comparant la tarification actuelle à celle pratiquée par le passé. « Autrefois, le transport d’une moto se payait 500 FCFA. Nous faisions alors beaucoup plus d’argent », se rappelle-t-il.
Les motards reconnaissent les dangers encourus mais justifient leur choix. « Face au terre-plein central qui nous contraint à faire un détour considérable, notre service répond à un besoin réel. C’est bénéfique pour moi », soutient l’un d’eux. « J’habite à Amriguebé et j’ai souvent des urgences au parc d’Abéché, à seulement 500 mètres de chez moi. Devrais-je parcourir plus de 3 km pour y arriver ? Non, je ne le ferai pas, tant pour économiser du carburant que pour gagner du temps », explique-t-il, appelant le gouvernement à revoir l’aménagement du terre-plein central pour faciliter les trajets.
Abderamane Moussa Amadaye