Le régime militaire au pouvoir au Niger a dénoncé samedi avec effet immédiat l’accord de coopération militaire avec les États-Unis, datant de 2012.
Après la France, c’est au tour des Etats-Unis de prendre la porte au Niger. Le régime militaire nigérien au pouvoir a dénoncé samedi « avec effet immédiat » l’accord de coopération militaire avec les États-Unis, datant de 2012, après une visite de trois jours de hauts responsables américains à Niamey. « Le gouvernement du Niger, prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple, décide en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger », a indiqué le porte-parole du gouvernement nigérien, Amadou Abdramane, dans un communiqué.
La délégation américaine a quitté Niamey jeudi après avoir rencontré plusieurs responsables nigériens dont le Premier ministre Ali Mahaman Lamime Zeine. Arrivée mardi à Niamey, cette délégation conduite par la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines Molly Phee, devait initialement y passer deux jours, mais a décidé de prolonger son séjour. Mais, au cours de cette visite de trois jours, Molly Phee n’a pas pu rencontrer le chef du régime militaire Abdourahamane Tiani.
Présence américaine « illégale »
Dans ce communiqué, lu samedi soir à la télévision nationale, Amadou Abdramane précise que la présence militaire américaine est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ». Selon Niamey, cet accord qualifié « d »injuste » a été « imposé unilatéralement » par les Etats-Unis, via une « simple note verbale », le 6 juillet 2012. Cette décision survient peu après le départ d’une délégation américaine. « L’arrivée de la délégation américaine n’a pas respecté les usages diplomatiques », a expliqué samedi Amadou Abdramane, assurant que le gouvernement américain a informé Niamey de « façon unilatérale » de sa date d’arrivée et de la composition de sa délégation.
Après le coup d’État qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum Washington avait suspendu sa coopération avec le Niger. Les Etats-Unis comptent quelque 1.100 soldats engagés dans la lutte anti-jihadiste dans le pays et disposent d’une importante base de drones à Agadez (nord). Rapidement après leur arrivée au pouvoir lors d’un coup d’État le 26 juillet 2023, les généraux de Niamey avaient dénoncé des accords de coopération militaire avec la France. Les derniers soldats français ont quitté le Niger le 22 décembre.
Une force conjointe entre le Niger, le Mali le Burkina Faso
Samedi soir, le colonel Abdramane a également évoqué le retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays qui s’est rapproché de ses voisins le Burkina et le Mali – eux aussi gouvernés par des militaires – mais aussi de pays comme l’Iran ou la Russie. Le Niger, le Burkina Faso et le Mali, ont d’ailleurs convenu de mettre en place une force conjointe pour lutter contre les menaces à la sécurité sur leurs territoires, a déclaré mercredi le chef des forces armées du Niger, Moussa Salaou Barmou. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger subissent tous trois des violences de groupes islamistes armés, qui ont fragilisé les pouvoirs civils et amené dans chacun de ces pays l’armée à prendre le pouvoir.
Les trois pays ont conclu en septembre dernier un pacte de sécurité, appelé Alliance des États du Sahel, qui prévoit qu’ils se portent mutuellement assistance en cas de rébellion ou d’agression extérieure. Dans une déclaration télévisée, Moussa Salaou Barmou a indiqué que la nouvelle force opérationnelle serait « prête dès que possible pour relever les défis sécuritaires », sans toutefois fournir de détails sur sa taille ou ses attributions. Les violences ont atteint un plus haut en 2023, alors que le nombre de victimes recensées dans le Sahel central a augmenté de 38% sur un an, selon le groupe américain de surveillance des conflits armés ACLED.
Flash-Tchad avec La Tribune